Étaient présents à cette soirée : Christian, Claude, Daniel, Évelyne, Frédérique, Jacky, José, Laurence, Michèle, Miguel, Robert. Groupe un peu plus restreint mais de riches échanges !
Livres présentés (Animation : Miguel / Compte rendu : Miguel/Michèle)
Miguel: « Le silence et la colère » Pierre Lemaitre- Editeur Calman Levy.
Après une première trilogie « Les enfants du désastre » (Au revoir là-haut , Miroir de nos peines, Couleurs de l’incendie, tous en poche) Lemaître a entrepris l’ écriture d’une nouvelles trilogie : Les années glorieuses. Le premier tome est déjà sorti en livre de poche et le Silence et la colère nous fait retrouver la famille Pelletier et ses trois enfants, Jean, François, Hélène ( L’ainé Etienne est décédé dans le premier tome). Le roman bien documenté est cadencé, les intrigues s’entremêlent. Les événements narrés sont foisonnants et abordent des thèmes divers : le progrès, la création de grandes surfaces commerciales, les avortements clandestins, le travail des femmes en usine, la création d’un barrage qui fait disparaitre un village le tout accompagné d’une intrigue policière glaçante. Bref un grand roman populaire.
Le style est un peu lourd, il faut dire que cette lecture vient après celles des livres de Giono où les phrases sont ciselées, pleines de poésie et d’humanité. On ne joue pas dans la même cour…
Michèle : « Camus, La Peste, et le coronavirus » de Jean-Yves Guérin. Editeur : Honoré Champion.
Jean-Yves Guérin, émérite camusien, s’attache à mettre en exergue, à décortiquer les analogies et les différences entre le coronavirus et les autres fléaux, dont La Peste d’Albert Camus : solidarité, solitude, trafics en tous genres, prophylaxie, statistiques, décompte des décès, stratégies des autorités, urgences et priorités (confinement, séparation, exil…), controverse du corps médical., prise en charge en fonction du niveau social ..
Cet ouvrage complet, excellemment documenté et annoté permet de comprendre encore mieux toutes les subtilités de La Peste (roman métaphorique et métonymique) et à qui le veut, d’engager une réflexion personnelle parce que chacun la porte en soi (la peste) , parce que personne au monde, non personne n’en est indemne.
Laurence : « Les enfants endormis » de Anthony Passeron. Editeur : Globe
C’est un premier roman à succès couronné par le Prix Wepler, Fondation de la poste. Anthony Passeron , pendant le confinement lié au covid, décide d’interroger le passé familial. Il évoque l’ascension sociale de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants qui découvrent l’urbanité. Il croise deux histoires qui se font écho : celle de l’apparition du sida dans cette famille de l’arrière-pays niçois – la sienne (l’oncle Désiré toxicomane décédera du sida, on en parlera qu’à demi-mots, c’est le secret honteux de la famille ) – et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
C’est une lecture forte, passionnante, la partie sociale est émouvante, celle dédiée à la recherche médicale est particulièrement bien documentée, on y apprend plein de choses.
Claude : « L’autre nom du bonheur était français » De Shumona Sinha. Editeur : Gallimard
Shumona, fille d’une famille d’intellectuels, originaire de l’Inde (Calcutta) , verra son enfance et son adolescence bercées par la littérature.. Elle dévore la littérature bengali, indienne, mais aussi, à travers les traductions, la littérature américaine, l’espagnole, l’anglaise et la française. A vingt-deux ans, elle découvre le français, en fera l’apprentissage et tombera amoureuse de cette langue « vitale et libératrice » . Elle en aime sa polysémie, et pour mieux s’approprier l’idiome , elle s’expatriera en France à l’âge de 28 ans. C’est son parcours , ses tribulations tantôt savoureuses, tantôt douloureuses qu’elle raconte dans cette autobiographie , puissante , vibrante , sincère. Elle décrit des expériences et un vécu souvent difficiles pour une femme qui restera malgré tout une française « étrangère ». Claude nous a lu de magnifiques extraits du livre dont un paragraphe sur « langagement » ( le langage qui se met en route dés le matin…) illustrant ainsi la façon de l’autrice de jouer avec les mots.
Évelyne : « Sans jamais atteindre le sommet, (Voyage dans l’Himalaya) » de Paolo Cognetti. Editeur : Stock
Deuxième livre de Paolo Cognetti présenté par Evelyne, c’est le carnet de bord tenu par l’auteur lors de son expédition dans le Dolpo, région reculée au nord-ouest du Népal, entre hauts plateaux et vallées.
Outre les 22 membres de la caravane, le livre culte « Le Léopard des neiges » de Peter Matthiessen lui tiendra compagnie. C’est d’ailleurs cet ouvrage qui l’a incité à entreprendre ce trek – 300 kilomètres, huit cols- et à le préparer en suivant les conseils de l’écrivain.
Ici Paolo ne cherche pas à se dépasser, mais fait l’apprentissage du temps qui passe. De très belles méditations et observations.
Robert : « Le Fétiche et la plume » de Hélène Ling et Ines Sol Salas. Editeur : Rivages
Robert nous a présenté avec un grand enthousiasme un « gros pavé » qui vise à analyser la place occupée aujourd’hui par la littérature à l’ère du capitalisme.
Il y est dit que la profusion de publications se fait au détriment de la qualité littéraire. Le livre très bien documenté permet de comprendre les ressorts des auteurs et comment ils écrivent ainsi que les impératifs auxquels il sont soumis. La présentation de Robert a donné lieu a un riche échange tendant à montrer qu’il y aurait un appauvrissement et un nivellement tant des styles que des productions.
José : « La vierge Néerlandaise » de Marente Moor. Editeur : Les Argonautes.
Ces éditions s’attachent à publier des auteurs européens.
Dans ce roman, on suit une jeune femme de 18 ans qui quitte sa famille pour suivre des cours d’escrime.
José emploiera plusieurs fois le mot « étrange » pour dépeindre l’atmosphère, la fascination de Janna pour son maître d’arme, la maison d’Egon von Bötticher qui organise de vrais duels . Ce livre évoque aussi « Hélène Mayer » d’Hélène Mayer fleurettiste qui participa à plusieurs jeux olympiques. Sa photographie figure sur la couverture du livre.
Daniel : « Voyage au Congo, retour du Tchad » de André Gide. Editeur : Gallimard La pléiade.
André Gide fait un voyage en Afrique de juillet 1926 à mai 1927 accompagné de Marc Allegret . Il est aussi mandaté par le Ministère des colonies pour faire un rapport sur ce qui se passe dans les colonies. Ceci a donné lieu à la tenue d’un carnet de voyage.
Lors de ce voyage Gide découvre les méfaits de l’administration coloniale et s’en indigne. Il dénonce les conditions de vie des populations visitées. Son rapport aura de profondes répercussions dans la classe politique française. Son carnet de voyage décrit aussi les paysages et les atmosphères des régions visitées.
Daniel a su nous transmettre le plaisir qu’il a eu lors de cette lecture captivante et dépaysante.
Jacky : « On ne se baigne pas dans la Loire » de Guillaume Nail. Editeur : Denoël
Jacky a vivement apprécié ce livre qui fait écho à sa propre expérience comme directeur de colonie itinérante.
Pour écrire ce roman, Guillaume Nail, s’est inspiré d’un fait divers dramatique survenu en juillet 1969 à Juigné sur Loire où 19 adolescents périrent noyés lors d’une colonie de vacances.
Le récit décrit tous les types de personnages que Jacky a lui aussi rencontré dans ces séjours qui font se côtoyer des adolescent des fois fantasques et des moniteurs parfois trop jeunes et peu expérimentés.
C’est un roman très prenant.