“Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur”
Albert Camus, La Peste, 1947, Ed.Gallimard
Photo : Olivier Gazzano – Loudenvielle, Hautes-Pyrénées / PhotosGz.fr
“Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur”
Albert Camus, La Peste, 1947, Ed.Gallimard
Photo : Olivier Gazzano – Loudenvielle, Hautes-Pyrénées / PhotosGz.fr
Compte rendu du club littéraire du 6 décembre 2024
Animation : Miguel Couralet – Compte rendu : Miguel Couralet et les participants
16 participants : des fidèles du club-lecture et des nouveaux venus.
13 livres présentés.
1/ Claude : L’Italien Arturo Pérez Riverte – Gallimard
Pendant les années 1942-43, des plongeurs de combat italiens, au cours de leurs raids, à Gibraltar et dans la baie d’Algésiras, coulèrent ou endommagèrent plusieurs navires alliés. A partir de ce fait historique Arturo Pérez-Reverte (l’un des plus grands écrivains espagnols contemporains, scénariste, ancien correspondant de guerre) raconte cet épisode et décrit une passion amoureuse qui en découle.
Elena, libraire d’Algésiras, jeune veuve, voit son destin chamboulé par le hasard. Lors d’une promenade sur la plage avec son chien Argos, elle découvre un homme blessé, ramené par la mer. En lui sauvant la vie, elle se retrouve impliquée dans des opérations militaires qui se jouent sous ses yeux, car cet homme, Teseo Lombardo, un italien, fait partie d’un groupe de plongeurs qui s’infiltrent par la mer dans le port de Gibraltar, emplacement stratégique pour les Alliés, pour déposer des charges explosives sous les bateaux ennemis. Elena décide de participer aux raids de sabotage. Elle franchira la frontière jusqu’à Gibraltar, où le danger l’attend.
Beau et fort roman d’amour, de mer, de guerre qui évoque par certains côtés les récits d’Homère. Un livre qui nous maintient en haleine. C’est aussi le récit de l’enquête menée par un journaliste d’investigation qui reconstitue, au gré des témoignages recueillis auprès des survivants, cet épisode oublié par les historiens.
2/ Évelyne : « Blizzard » – Marie Vingtgras – Edition de l’Olivier
Blizzard est un roman choral, le premier roman de l’autrice, original et fort réussi.
Tour à tour, chacun des personnages donne son point de vue : Benedict, Cole, Freeman et Bess s’expriment alors qu’un enfant, « le petit » vient de disparaître, il a lâché la main de la personne qui l’accompagnait tandis qu’une violente tempête de blizzard fait rage en Alaska. Chacun des courts chapitres est consacré à l’un de ces personnages qui émet son point de vue, son ressenti, ses secrets, son passé, ainsi, chacun, tour à tour, se dévoile… et cette rédaction fait progresser l’intrigue.
L’écriture simple, le récit bien rythmé conviennent à l’histoire qui raconte toutes ces vies cabossées, cette course effrénée pour tenter de retrouver et de sauver l’enfant égaré dans la tourmente. On est saisi par la température glaciale du décor et par le froid psychologique ressenti, par le suspens : retrouver vivant le petit, égaré dans la tourmente mortelle.
3/ Olivier : « Lire tue » – Philippe Nicolas – Cohen et Cohen
A lire sans modération !
Pourquoi avoir emprunté ce livre intitulé Lire Tue à la bibliothèque municipale ?
Pourquoi avoir ôté le cellophane formant l’ultime protection contre cet objet dangereux ?
Pourquoi avoir poursuivi cette lecture malgré l’avertissement de la première page : « Lisez plus avant vous êtes mort... » ? Cet avertissement sonne comme une menace… Il faut s’enfermer chez soi pour le lire. Un petit livre, un bel exercice de style, addictif, jouissif, astucieux, amusant, mordant, dangereux en un mot (oui, beaucoup de qualificatifs !) qui confronte le lecteur à sa propre manière de lire, à l’importance que l’on donne aux détails. D’autres présents dans la soirée ont lu le livre. Ils ont adoré.
Olivier a aussi évoqué le livre : « La taille de nos seins » – Agnès Jaoui, Editions Grasset
Beau livre, tendre, cocasse, intime, joliment illustré à offrir à une adolescente.
4/ Isabelle : « Jour de Ressac » – Marylis de Kerangal- Gallimard. (Compte rendu rédigé par Isabelle)
Cette lecture a offert à Isabelle une promenade littéraire mémorielle. « Ce roman m’a été offert parce que l’intrigue se situe dans la ville du Havre, ma ville de naissance.
La narratrice est doubleuse de voix au cinéma. Un matin, elle reçoit un coup de téléphone du commissariat du Havre lui annonçant que le corps d’un homme a été retrouvé sur les galets de la plage du Havre, il avait dans la main un ticket de cinéma sur lequel était noté son N° de téléphone.
Au-delà de la surprise, la voilà projetée dans un espace-temps oublié de son ancienne vie.
Au gré de ses souvenirs, c’est l’occasion d’une déambulation dans cette ville portuaire avec sa Porte Océane, l’Église Saint Joseph et la digue qui protège l’avant-port, se rappelant : « le jour où la mer avait été visible depuis la gare, le jour où on l’avait réellement discernée depuis le bout des rails, telle une strate plus sombre à la base du ciel, c’est au matin du 7 septembre 1944, une fois la ville aplatie, laminée, rasée par les Alliés » et reconstruite selon les plans d’Auguste PERRET dans une architecture austère qui se voulait moderne.
Elle va vivre un véritable « jour de ressac ».
Un ressac émotionnel, va et vient continu entre passé et présent auquel s’ajoutera au cours de cette journée un véritable ressac, le retour brutal d’une énorme vague qui se fracasse sur la digue et l’envoie valdinguer. »
Isabelle ne nous a pas tout dit car il faut aller au bout du livre pour découvrir la chute.
5/ Geneviève : « Le Propre et le Sale » – Georges Vignarello – Editions du Seuil
Une étude historico-sociale de la propreté où l’eau et la toilette tiennent un rôle capital, qui explique et analyse les conditions et les croyances de l’hygiène du Moyen Age à aujourd’hui.
Des conseils, quelques fois douteux qui évoquent pour Geneviève, cette période fatidique du Covid où tout et n’importe quoi était dit en matière de conseil et de prévention.
Geneviève nous fait lecture d’un passage savoureux concernant un bain pris par Sully, éminent conseiller du roi Henri IV. La scène se passe en 1610. Le roi apprend que son compagnon d’arme vient de prendre un bain, il serait donc contagieux, il ne faut donc pas courir le risque de sortir pour être plus exposé car la crasse était censée protéger la peau des microbe (il aurait dû d’ailleurs rester cloîtré toute l’année, car c’est celle de son assassinat !)
Pour mettre en exergue ses propos, Geneviève évoque les Romains qui attachaient la plus grande importance à la qualité de l’eau qu’ils buvaient et dans laquelle ils se baignaient régulièrement. Ceci les a amenés à construire aqueducs, thermes, système de canalisation perfectionné, égouts, latrines…
Livre dense, instructif, bien documenté.
6/ Franck : « Leçons » – Ian McEwan – NRF Gallimard (Compte rendu rédigé par Franck)
Un gros « pavé » de 600 pages qui raconte l’histoire de la vie et les désillusions de l’aspirant poète, l’antihéros Roland Baines. C’est un roman ambitieux.
Au début du roman, Roland Baines, apprenti poète, se retrouve seul avec son fils âgé de 6 ans. Sa femme a décidé de consacrer sa vie à l’écriture et pour cela abandonne sa famille.
Miroir inversé de ces histoires où des femmes seules avec enfant doivent lutter dans des conditions économiques difficiles, c’est ici la vie de Rolandet ses désillusions que nous allons retrouver tout au long de ce roman d’une incroyable richesse.
Il y a d’abord ces étranges leçons de piano au pensionnat où Roland devient le jouet sexuel de sa professeure, Miriam Cornell qu’il retrouvera 40 ans plus tard. Il ne manquera pas alors de rappeler à cette femme le trauma que lui a occasionné ces leçons toutes particulières dans sa future vie sentimentale.
Ensuite, alors que sa femme, devenue une auteure allemande de premier plan, réapparaît en filigrane dans le roman et, d’une certaine manière, le clôturera, Roland nous emmène dans tous les travers de sa vie, ses petits boulots pour subsister, pianiste de bar, poète de slogans publicitaires, jusqu’à son mariage avec Daphné, son dernier amour, la mort de celle-ci et ce moment assez fou où, rejoint au bord d’une rivière par l’ex de Daphné, les deux vieillards règlent à coup de poing le privilège de répandre les cendres de celle-ci.
Cette scène tragi-comique comme beaucoup d’autres dans le livre écrivent l’histoire d’une vie faite de petits riens, mais, et c’est là grand talent de Ian Mac Ewan, toujours inscrite dans la Grande Histoire qui agit en toile de fond indispensable de cette véritable fresque de la société britannique de ces soixante dernières années avec ses baby-boomers.
Ian Mac Ewan n’a certainement pas de Leçons de vie à donner à quiconque, mais nous rappelle, avec son incroyable talent, toutes celles que nous pouvons retirer de nos propres existences et comment nous y trouvons notre compte… ou pas.
7/ Catherine : « Des mille et une façons de quitter la Moldavie » – Vladimir Lortchenkov -Pocket.
Livre édité en 2006, traduit en français en 2014. Intéressant de le relire, dans le contexte actuel.
Il est rédigé sous forme de sketchs où l’absurde déjanté et caustique est poussé au paroxysme. Il raconte le rêve des habitants d’un petit village moldave, Larga – la Moldavie un des pays les plus pauvres d’Europe – les habitants n’ont qu’un rêve, un besoin impérieux, vital, celui d’aller vivre en Italie, l’Eldorado où il fait bon vivre et où chacun connaît la prospérité. Tous les moyens, stratagèmes, subterfuges sont bons pour tenter d’accéder à ce paradis, et l’imagination de certains est flamboyante ! Toutes ces tentatives avortent, mais la détermination de chacun reste vive.
Pourtant l’Italie, par l’écrivain, est tour à tour diabolisée, mystifiée, stigmatisée.
8/ Daniel : « Rue de la Sardine » –John Steinbeck- Folio
Steinbeck est né en Californie, pas très loin du quartier de Monterey, pauvre, sale, puant, malfamé où se déroule cette histoire, une fresque sociale rocambolesque qui dépeint et explore avec ironie la vie quotidienne ordinaire de la société américaine au cours des années de la grande Dépression.
Le quotidien de ce quartier est rythmé par l’industrie de la pêche à la sardine et sa conserverie. Une communauté y vit malgré les conditions de vie difficiles dans la bonne entente.
Les descriptions sont luxuriantes, réalistes, les situations absurdes, souvent, terribles, mais toujours teintées d’humour noir et d’humanisme, sans misérabilisme.
Il faut relire Steinbeck, il est toujours d’actualité !
C’est un des romans emblématiques de cet auteur. Le picaresque espagnol est à l’honneur.
C’est lors d’une exécution capitale que Ramiro, le héros, un bâtard, se raconte. Brillant, insolent, philosophe, « potentiellement amoureux de toutes les femmes » et doué pour tous les métiers, il a vécu, de couvent en prison, de maison close en cirque ambulant, une série d’aventures et de rencontres qui rappellent de près le propre parcours de Sender.
10/ Michèle : « Oradour sur-Glane » – Nicolas Bernard – Tallandier/Ministère des Armées.
Michèle a été marquée par un événement récent ; Elle raconte : « Lors d’une conférence j’ai été confrontée à un auditeur et j’ai été sidérée par ses divers propos interpellatifs et négationnistes parmi lesquels, je cite : « Oradour -sur-Glane, n’est pas le terrifiant massacre qu’on raconte et la Division SS Das Reich n’y était pour rien ». Aussi dès que j’ai vu dans notre chère librairie le récent ouvrage de Nicolas Bernard Oradour sur-Glane 10 juin 1944, Histoire d’un massacre dans l’Europe nazie, je l’ai acheté, pour mieux analyser les nombreux détails de ce drame, confortés par de nouveaux documents mis à disposition par les archives de l’Armée ».
Ce début juin, quatre jours après le débarquement des Alliés en Normandie, cette petite bourgade située près de Limoges va être livrée au pillage, entièrement brûlée et rayée de la carte – 643 victimes sont dénombrées dont 222 femmes, 147 écoliers âgés de 6 à 14 ans, 68 enfants de moins de 6 ans.
Ce même jour, en Grèce à Distomo, la 4ème division SS subit le même sort : 218 victimes dont 53 enfants de moins de 16 ans. (La date du 10 juin semble être fatidique dans l’éradication de villages)
Depuis les ruines du village martyr constituent l’un des symboles les plus poignants de la barbarie nazie. Qui est à l’origine de cette horreur, pour quels motifs, pourquoi les principaux responsables ont-ils échappé à la Justice après la fin du conflit ? Et surtout pourquoi ce carnage a-t-il d’avantage frappé les esprits que bien d’autres atrocités ?
Ce livre répond complètement à ces questions et met en exergue l’histoire même du Troisième Reich, de ses stratégies de domination et clarifie les causes de ces drames.
Ici, tout est affaire d’apologie et de représentations : les nazis ont voulu faire d’Oradour un symbole de leur tout puissance meurtrière.
Pour les négationnistes, éradiquer le souvenir d’Oradour revient à éliminer un symbole de la barbarie hitlérienne. S’y mêle aussi une accusation xénophobe, à savoir que les maquis étaient aussi constitués d’Espagnols républicains qui, selon eux, pillèrent, violèrent et massacrèrent dans la région de Limoges. L’allusion s’inspire de la propagande vichyste, ciblant ces réfugiés ayant fui la guerre civile d’Espagne. Pourtant dans ce village 19 femmes et enfants espagnols seront assassinés le 10 juin 44.
Denise Bardet institutrice qui périra dans l’église d’Oradour écrivait dans ses carnets : « le signe de l’amitié c’est de dire la vérité et de l’entendre. »
Le choix de nos libraires :
11/ Marlies :Deux livres qui pourront faire d’excellents petits cadeaux pour Noël.
« Journal d’Edward, Hamster nihiliste (1990-1990) » – Myriam et Elia Ezra – Flammarion.
C’est le journal intime d’un hamster philosophe incompris, à la brève existence qui s’interroge sur le sens de la vie. C’est hilarant, mais les réflexions d’Edward sont aussi un état d’esprit.
« L’Étoile de Mo Aventures forestières » – Yeonju Choi -Hélium – Actes Sud
Un roman pour les jeunes enfants, (que les adultes aimant particulièrement les chats pourront aussi apprécier) joliment illustré, délicatement présenté, qui raconte l’histoire du chat Mo qui part à la recherche d’une étoile, il trouvera au bout de son périple un ami particulier.
12/ José : « L’alphabet du silence » – Delphine Minoui- Collection Proche
La Mémoire du Monde accueillera cette écrivaine-journaliste le 12 décembre.
Ce livre est sélectionné pour le Prix littéraire des lycéens et apprentis de la Région Paca.
C’est l’histoire, inspirée de faits réels, d’un couple de jeunes intellectuels aux prises avec le pouvoir en Turquie suite à la simple signature d’une pétition qui mènera le mari et père en prison.
De la même autrice José rappelle aussi l’admirable livre « Badjens » qui évoque la réalité du quotidien des femmes iraniennes, fliquées jusqu’à en mourir, leur besoin de rébellion, leur cri de liberté.
13/ Miguel : « Grégory » – Pat Pernat Christophe Gaultier avec Jean Marie Villemin. Editions les Arènes.
Une Bd sur l’affaire Grégory qui sera présentée, faute de temps lors de la prochaine séance.
Venez nous rejoindre dans les soirées du club littéraire, c’est ouvert à tous, parlez-en autour de vous.
“La fiction est une bouée de sauvetage dans un océan de néant. Regarder des visages, revoir des visages, scruter le monde sont des moyens de se refléter. Quelque chose qui tient de la paréidolie.”
Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024.
Photo : Olivier Gazzano – PhotosGz.fr
Compte rendu du club littéraire du 8 novembre 2024
Animation : Miguel Couralet – Compte rendu : Miguel Couralet, Michèle Robinet.
13 participants : des fidèles du club-lecture et des nouveaux venus « pour voir ».
12 livres présentés.
1/ Delphine : « l’Opoponax » – Monique WITTING- Editions de minuit
L’Opoponax, c’est peut-être, c’est même à peu près sûrement le premier livre moderne qui ait été fait sur l’enfance. Le livre raconte l’histoire d’une petite fille, de la maternelle à la fin de sa scolarité. Un livre à hauteur d’enfant. L’autrice utilise le pronom indéfini « on » comme instance narrative ce qui lui permet de dénoncer la domination masculine mais aussi de voir l’enfance dans son universalité. Delphine a été captivée par ce récit.
2/ Franck : « Bien être » – Nathan HILL- Gallimard
À l’aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l’un en face de l’autre et s’épient en cachette. Rien ne semble les relier — elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu’ils se rencontrent enfin, le charme opère et l’histoire d’amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. On retrouvera ce couple a des dates différentes. Un livre avec beaucoup d’humour et très documenté. Un livre que Franck n’a pas lâché du début à la fin.
3/ Frédérique : « Les vaisseaux du cœur » – Benoite GROULT- Livre de poche
Un amour à fleur de peau, de cœur entre 2 êtres que tout sépare. Qui saura, entre homme et femme, inventer une passion qui ne s’use pas ? Qui saura, malgré le temps qui passe, préserver les belles amours de leurs disgrâces quotidiennes ?
Tel est, au fond, le secret de ces deux êtres que tout sépare, mais que d’intenses ferveurs rapprochent. Lui, c’est un marin breton, elle est une intellectuelle parisienne. Ils ne se ressemblent guère, un monde d’usages ou de convenances. Un livre vibrant que Frédérique a donné envie de lire ou de relire.
4/ Mikaela : « Alma » – Timothée de FOMBELLE (trilogie) Gallimard Jeunesse
1786. Le jour où son petit frère disparaît, Alma part sur ses traces, loin de sa famille et de la vallée d’Afrique qui les protégeait du reste du monde. Au même moment, dans le port de Lisbonne, Joseph Mars se glisse clandestinement à bord d’un navire de traite, La Douce Amélie. Il est à la recherche d’un immense trésor. Dans le tourbillon de l’Atlantique, entre l’Afrique, l’Europe et les Caraïbes, leurs quêtes et leurs destins les mènent irrésistiblement l’un vers l’autre.
Mikaela avec détermination nous a raconté sa passion pour la saga ALMA, qui manifestement la fait rêver tant il y a des émotions, des rebondissements, avec des personnages attachants qui possèdent des dons. Certes un livre dans une collection jeunesse mais qui enchanter les adultes.
5/ Jacky : La barque de Masao – Antoine CHOPLAIN- Ed Buchet-Chastel (compte-rendu écrit transmis par Jacky)
Masao est ouvrier sur l’île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l’usine, il découvre Harumi venue l’attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d’humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles. Ce face à face ravive les souvenirs… Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d’amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d’Harumi. Les années passées comme gardien du phare d’Ogijima.
Antoine Choplin nous embarque au Japon sur une de ses nombreuses îles (14125). Masao un ouvrier rectifieur retrouve sa fille Harakumi jeune adulte qu’il avait confié à ses grands-parents à la mort de sa mère. Elle est assistante architecte et elle vient présenter à son père son projet de musée. Outre les retrouvailles qui se font dans la simplicité et un amour réciproque, Choplin explore les différents niveaux de perception d’un art-isan (Masao passe le peu de temps qu’il a à construire une barque) et d’une art-chitecte qui s’est hissée hors du monde populaire grâce à l’abnégation des grands-parents et au sacrifice de son père qui a vendu sa barque magnifique pour financer une partie des études de sa fille. Masao est un homme seul, avant l’usine il a été gardien de phare où il a éprouvé et aimé la solitude et la poésie …
Saura-t-il partager avec sa fille une compréhension du monde marquée par la condition ouvrière et combler l’écart de connaissances ? Tout en délicatesse et respect pour l’autre, la réponse est oui, oui, oui. Magnifique…
6/ Miguel : Tsunami – Marc DUGAIN – Le livre de poche
Ce roman nous fait un président de la république qui gouverne une France de plus en plus agitée. Sollicité à chaque seconde, menacé par des affaires compromettantes dont lui seul a la clé, on découvre, dans ce roman vrai, au-delà des apparences, sa vie quotidienne chaotique, et c’est fascinant. Il veut réformer mais hésite souvent.
Marc Dugain nous ouvre les portes de l’Élysée, palais byzantin, plongé dans une ambiance fébrile. Il dévoile avec une férocité lucide, les secrets du pouvoir, la manière dont les décisions sont prises. On alterne les rôles publics avec les scènes privées. Beaucoup de rebondissements. C’est passionnant à lire et nous fait voir l’actualité avec un autre regard.
7/ Catherine : Histoire d’un fils -Marie -Hélène LAFON – Buchet-Chastel
Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu. André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille. Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent. Le roman se présente comme un scénario. Les chapitres sont des dates. Beaucoup d’ampleur dans le récit, un style très enlevé. Il est question du déterminisme social
8/ Isabelle : Jacaranda – Gaël FAYE- Grasset. (Compte rendu écrit transmis par Isabelle)
Ce qui m’a accroché tout d’abord c’est la couverture du livre et son titre JACARANDA. En effet, cet arbre ou flamboyant bleu, espèce subtropicale, m’a enchantée durant mon long séjour en Afrique du Sud. Ses fleurs violettes transformaient les rues en un paradis dans un pays qui n’en était pas vraiment un. Dans ce roman, le Jacaranda joue un rôle important pour l’un des personnages, Stella. L’histoire se déploie sur 4 générations : Entre celle de Rosalie qui a vécu dans un Rwanda pré-ethnique et celle de Stella, dans un Rwanda post-ethnique, qui a enregistré les souvenirs de Rosalie pour garder la mémoire de ce passé révolu. Entre elles deux, 3 générations vont vivre la racialisation de la société rwandaise. Tutsi et Hutu désignaient un statut social en fonction de ce que les gens possédaient, entre ceux qui possédaient du bétail et ceux qui travaillaient la terre. C’est ainsi que dans une même famille il pouvait y avoir des Tutsis et des Hutus. La colonisation belge et bien sûr l’église ont construit une hiérarchie des races notamment sur des critères morphologiques. C’est un long processus qui s’est construit sur une idéologie et la marginalisation d’un groupe en l’occurrence les Tutsis. Sans dévoiler l’histoire, Gaël FAYE, par la voix de son personnage principal Milan qui cherche à comprendre les silences de sa mère et à exhumer les secrets familiaux, tente de retracer l’histoire des victimes et des bourreaux. Comme une mise en perspective où chacun s’essaie au dialogue et au pardon. Et pour conclure, comme Gaël FAYE a dit lui-même dans une interview : « Quoi de mieux qu’un arbre pour raconter une histoire de racine et de mémoire »
9/ Geneviève : Samarcande – Amin MAALOUF- Livre de poche
Samarcande , c’est la Perse d’Omar Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie, mais aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l’ordre des Assassins, la secte la plus redoutable de l’Histoire.
Samarcande, c’est l’Orient du XIX siècle et du début du XX .le voyage dans un univers où les rêves de liberté ont toujours su défier les fanatismes.
Samarcande, c’est l’aventure d’un manuscrit qui, né au Xie siècle, égaré lors des invasions mongoles, est retrouvé des siècles plus tard.
Une fois encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus envoûtantes cités d’Asie, Amin Maalouf, l’auteur de Léon l’Africain, nous ravit par son extraordinaire talent de conteur. Geneviève a été passionnée par ce livre que beaucoup avaient lu, ce qui a donné de beaux échanges.
10/ Marlies : Boucher- Joyce Carol OATES- Ed Philippe Rey
Le terrifiant récit d’un médecin, créateur de la gynécologie prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXe siècle pour se faire un nom dans la recherche médicale. Un livre manifestement à découvrir.
11/ Josée : L’Amérique et ses prophètes – Greil MARCUS – Editions Galaade
Au lendemain du 11 septembre 2001, le New York Times titrait sa une : “Les États-Unis attaqués”. Il avait compris combien, plus qu’ailleurs, l’Amérique pouvait être mise en péril à travers ses symboles. La nation américaine : une invention qui pouvait être détruite comme elle avait été construite.
12/ Josée : Intermezzo – Sally RONNEY- Gallimard
Ivan et Peter, deux frères que les années ont éloignés, se retrouvent à la mort de leur père. Ivan, vingt-deux ans, est un brillant joueur d’échecs, ultrasensible et solitaire. Peter, juriste renommé de Dublin, est un trentenaire aux multiples conquêtes. Tous deux vivent des amours périlleuses pendant ce moment délicat du deuil, intermède de vie où la fragilité n’exclut pas l’aventure.
Venez nous rejoindre dans les soirées du club littéraire,
c’est ouvert à tous,
parlez-en autour de vous.
“Si ce n’est pas aujourd’hui ce sera demain : rappelons nous que la patience est le pilier de la sagesse.”
Les Iles d’or, Frédéric Mistral, 1876
Photo : Olivier Gazzano – PhotosGz.fr
Conférence de Michèle Stubbe-Robinet et Florian Bouscarle
La conférence de Michèle et Florian nous a fait découvrir à travers son œuvre le parcours de vie de Jean-Claude Izzo, cet auteur amoureux de Marseille.
Après une présentation biographique de Jean-Claude Izzo, ils se sont attachés à nous donner envie de lire ou relire la trilogie Total Khéops, Choumo et Soléa en abordant différents thèmes, fils conducteurs dans ces trois oeuvres.
Dans l’herbe encore verte les feuilles déjà jaunes. Un vent court et actif forgeait avec un soleil sonore sur la verte enclume des prés une barre de lumière dont les rumeurs d’abeilles venaient jusqu’à moi. beauté rouge. Splendide, vénéneuse et solitaire comme la rouge oronge.
Albert Camus, Carnet II.
Photo : Olivier Gazzano – PhotosGz.fr
En ce mois d’octobre 1942, Albert Camus séjourne au Panelier près de Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. Retrouvez-le dans Camus chez les Justes, sous la direction d’Anne Prouteau, qui vient de paraître aux Éditions Bleu Autour.
« Le vrai rêveur est celui qui rêve l’impossible » .
Elsa Triolet, Le rossignol se tait à l’aube, 1970.
Elsa Triolet (12/09/1896 – 16/06/1970), Femme de lettres, résistante française d’origine russe. Première femme à obtenir le Prix Goncourt.
Photo : Olivier Gazzano – PhotosGz.fr
L’Association Partages culturels en Provence était représentée par Michèle lors de l’inauguration de la stèle le vendredi 21 juin 2024 dédiée à Frédéric Mitterand, érigée au cœur du petit et attachant cimetière marin d’Hammamet en présence de ses trois fils, Mathieu Mitterrand, Saïd Kasmi-Mitterrand, Jihed Guasmi-Mitterrand, de ses amis, sympathisants et voisins.
C’est Mathieu, son fils aîné, qui a lu un hommage pathétique rappelant ses engagements, ses passions, sa vie hammamétoise.
Si Frédéric Mitterrand a pu écrire certains textes polémiques, avoir eu des attitudes contestables voir répréhensibles, il ne faut pas oublier l’homme attachant et généreux qu’il fut, l’écrivain talentueux, le génial réalisateur, l’esthète éloquent, l’érudit d’art éclairé et passionné.
A l’issue de cette lecture émouvante et vibrante, chacun fut invité à fleurir ce cénotaphe avec l’emblème divin d’Hammamet le jasmin. Bientôt une fine pluie blanche et odorante recouvrit le monument portant le titre d’une de ses derniers ouvrages Mes regrets sont des remords ( Robert Laffont, 2016 )
“C’est quand l’adolescence s’achève que l’on comprend ce qu’elle aurait pu être. En général, il n’y a pas de date précise, ça vient peu à peu, le sens du passé perdu et de tout ce qu’il reste à entreprendre. Pour moi, c’est plus net : elle s’est arrêtée le 28 avril avec le départ du général de Gaulle.”
Frédéric Mitterrand, Une adolescence, Ed. R.Laffont 2015.
Photo : O.Gazzano – PhotosGz.fr – “Pays Basque 2024”