Lectures Partagées du 6 décembre 2024

  • 1/ Le Club lecture a lieu tous les premiers vendredis de chaque mois de 18h30 à 20h : Chacun vient et présente un livre qu’il a lu. S’ensuit un échange. La séance est animée de façon que chacun puisse avoir le temps de présenter son livre.  
  • 2/ Soirée « Un livre- Un auteur » qui a lieu tous les trois mois environ, de 18h30 à 20h : Un moment de partage et d’échange, pour aller à la rencontre d’un auteur et d’une de ses grandes œuvres lue préalablement par tous les participants.   Un petit apéritif clôture chaque séance.
  • Comment y participer ? Le club est ouvert à quiconque. Pour des raisons de place, il suffit de s’inscrire, en venant à la librairie, en nous envoyant un mail ou en téléphonant.
  • Prochaines rencontres : Vendredi 10 janvier 2025 2024 à 18h30  
  • Un Livre un Auteur : Le vendredi 24 janvier 2025 à 18h30.
    Il s’agira de la lecture partagée du livre Total Khéops de Jean Claude IZZO (Folio).
    Ce livre est le premier d’une trilogie qui raconte la vie d’un policier très atypique de Marseille. Un roman fort qui nous fait mieux connaître cette ville mystérieuse. Un grand moment d’échange en perspective.

Animation : Miguel Couralet – Compte rendu : Miguel Couralet et les participants

16 participants : des fidèles du club-lecture et des nouveaux venus.

13 livres présentés.

1/ Claude : L’Italien Arturo Pérez Riverte – Gallimard
Pendant les années 1942-43, des plongeurs de combat italiens, au cours de leurs raids, à Gibraltar et dans la baie d’Algésiras, coulèrent ou endommagèrent plusieurs navires alliés. A partir de ce fait historique Arturo Pérez-Reverte (l’un des plus grands écrivains espagnols contemporains, scénariste, ancien correspondant de guerre) raconte cet épisode et décrit une passion amoureuse qui en découle.
 Elena, libraire d’Algésiras, jeune veuve, voit son destin chamboulé par le hasard. Lors d’une promenade sur la plage avec son chien Argos, elle découvre un homme blessé, ramené par la mer. En lui sauvant la vie, elle se retrouve impliquée dans des opérations militaires qui se jouent sous ses yeux, car cet homme, Teseo Lombardo, un italien, fait partie d’un groupe de plongeurs qui s’infiltrent par la mer dans le port de Gibraltar, emplacement stratégique pour les Alliés, pour déposer des charges explosives sous les bateaux ennemis. Elena décide de participer aux raids de sabotage. Elle franchira la frontière jusqu’à Gibraltar, où le danger l’attend.
Beau et fort roman d’amour, de mer, de guerre qui évoque par certains côtés les récits d’Homère. Un livre qui nous maintient en haleine. C’est aussi le récit de l’enquête menée par un journaliste d’investigation qui reconstitue, au gré des témoignages recueillis auprès des survivants, cet épisode oublié par les historiens.

 2/ Évelyne : « Blizzard » – Marie Vingtgras – Edition de l’Olivier
Blizzard est un roman choral, le premier roman de l’autrice, original et fort réussi.
Tour à tour, chacun des personnages donne son point de vue : Benedict, Cole, Freeman et Bess s’expriment alors qu’un enfant, « le petit » vient de disparaître, il a lâché la main de la personne qui l’accompagnait tandis qu’une violente tempête de blizzard fait rage en Alaska. Chacun des courts chapitres est consacré à l’un de ces personnages qui émet son point de vue, son ressenti, ses secrets, son passé, ainsi, chacun, tour à tour, se dévoile… et cette rédaction fait progresser l’intrigue.
L’écriture simple, le récit bien rythmé conviennent à l’histoire qui raconte toutes ces vies cabossées, cette course effrénée pour tenter de retrouver et de sauver l’enfant égaré dans la tourmente. On est saisi par la température glaciale du décor et par le froid psychologique ressenti, par le suspens : retrouver vivant le petit, égaré dans la tourmente mortelle.

3/ Olivier : « Lire tue » – Philippe Nicolas – Cohen et Cohen
A lire sans modération !
Pourquoi avoir emprunté ce livre intitulé Lire Tue à la bibliothèque municipale ?
Pourquoi avoir ôté le cellophane formant l’ultime protection contre cet objet dangereux ?
Pourquoi avoir poursuivi cette lecture malgré l’avertissement de la première page : « Lisez plus avant vous êtes mort... » ? Cet avertissement sonne comme une menace… Il faut s’enfermer chez soi pour le lire. Un petit livre, un bel exercice de style, addictif, jouissif, astucieux, amusant, mordant, dangereux en un mot (oui, beaucoup de qualificatifs !) qui confronte le lecteur à sa propre manière de lire, à l’importance que l’on donne aux détails. D’autres présents dans la soirée ont lu le livre. Ils ont adoré.

Olivier a aussi évoqué le livre : « La taille de nos seins » – Agnès Jaoui, Editions Grasset
Beau livre, tendre, cocasse, intime, joliment illustré à offrir à une adolescente.

4/ Isabelle : « Jour de Ressac » – Marylis de Kerangal- Gallimard. (Compte rendu rédigé par Isabelle)
Cette lecture a offert à Isabelle une promenade littéraire mémorielle. « Ce roman m’a été offert parce que l’intrigue se situe dans la ville du Havre, ma ville de naissance.
La narratrice est doubleuse de voix au cinéma. Un matin, elle reçoit un coup de téléphone du commissariat du Havre lui annonçant que le corps d’un homme a été retrouvé sur les galets de la plage du Havre, il avait dans la main un ticket de cinéma sur lequel était noté son N° de téléphone.
Au-delà de la surprise, la voilà projetée dans un espace-temps oublié de son ancienne vie.
Au gré de ses souvenirs, c’est l’occasion d’une déambulation dans cette ville portuaire avec sa Porte Océane, l’Église Saint Joseph et la digue qui protège l’avant-port, se rappelant : « le jour où la mer avait été visible depuis la gare, le jour où on l’avait réellement discernée depuis le bout des rails, telle une strate plus sombre à la base du ciel, c’est au matin du 7 septembre 1944, une fois la ville aplatie, laminée, rasée par les Alliés » et reconstruite selon les plans d’Auguste PERRET dans une architecture austère qui se voulait moderne.
Elle va vivre un véritable « jour de ressac ».
Un ressac émotionnel, va et vient continu entre passé et présent auquel s’ajoutera au cours de cette journée un véritable ressac, le retour brutal d’une énorme vague qui se fracasse sur la digue et l’envoie valdinguer. »
Isabelle ne nous a pas tout dit car il faut aller au bout du livre pour découvrir la chute.

5/ Geneviève : « Le Propre et le Sale » – Georges Vignarello – Editions du Seuil
Une étude historico-sociale de la propreté où l’eau et la toilette tiennent un rôle capital, qui explique et analyse les conditions et les croyances de l’hygiène du Moyen Age à aujourd’hui. 
Des conseils, quelques fois douteux qui évoquent pour Geneviève, cette période fatidique du Covid où tout et n’importe quoi était dit en matière de conseil et de prévention.
Geneviève nous fait lecture d’un passage savoureux concernant un bain pris par Sully, éminent conseiller du roi Henri IV. La scène se passe en 1610. Le roi apprend que son compagnon d’arme vient de prendre un bain, il serait donc contagieux, il ne faut donc pas courir le risque de sortir pour être plus exposé car la crasse était censée protéger la peau des microbe (il aurait dû d’ailleurs rester cloîtré toute l’année, car c’est celle de son assassinat !)
Pour mettre en exergue ses propos, Geneviève évoque les Romains qui attachaient la plus grande importance à la qualité de l’eau qu’ils buvaient et dans laquelle ils se baignaient régulièrement. Ceci les a amenés à construire aqueducs, thermes, système de canalisation perfectionné, égouts, latrines…
Livre dense, instructif, bien documenté.

6/ Franck : « Leçons » – Ian McEwan – NRF Gallimard (Compte rendu rédigé par Franck)
Un gros « pavé » de 600 pages qui raconte l’histoire de la vie et les désillusions de l’aspirant poète, l’antihéros Roland Baines. C’est un roman ambitieux.
Au début du roman, Roland Baines, apprenti poète, se retrouve seul avec son fils âgé de 6 ans. Sa femme a décidé de consacrer sa vie à l’écriture et pour cela abandonne sa famille.
Miroir inversé de ces histoires où des femmes seules avec enfant doivent lutter dans des conditions économiques difficiles, c’est ici la vie de Rolandet ses désillusions que nous allons retrouver tout au long de ce roman d’une incroyable richesse.
Il y a d’abord ces étranges leçons de piano au pensionnat où Roland devient le jouet sexuel de sa professeure, Miriam Cornell qu’il retrouvera 40 ans plus tard. Il ne manquera pas alors de rappeler à cette femme le trauma que lui a occasionné ces leçons toutes particulières dans sa future vie sentimentale.
Ensuite, alors que sa femme, devenue une auteure allemande de premier plan, réapparaît en filigrane dans le roman et, d’une certaine manière, le clôturera, Roland nous emmène dans tous les travers de sa vie, ses petits boulots pour subsister, pianiste de bar, poète de slogans publicitaires, jusqu’à son mariage avec Daphné, son dernier amour, la mort de celle-ci et ce moment assez fou où, rejoint au bord d’une rivière par l’ex de Daphné, les deux vieillards règlent à coup de poing le privilège de répandre les cendres de celle-ci.
Cette scène tragi-comique comme beaucoup d’autres dans le livre écrivent l’histoire d’une vie faite de petits riens, mais, et c’est là grand talent de Ian Mac Ewan, toujours inscrite dans la Grande Histoire qui agit en toile de fond indispensable de cette véritable fresque de la société britannique de ces soixante dernières années avec ses baby-boomers.
Ian Mac Ewan n’a certainement pas de Leçons de vie à donner à quiconque, mais nous rappelle, avec son incroyable talent, toutes celles que nous pouvons retirer de nos propres existences et comment nous y trouvons notre compte… ou pas.

7/ Catherine : « Des mille et une façons de quitter la Moldavie » – Vladimir Lortchenkov -Pocket.
Livre édité en 2006, traduit en français en 2014. Intéressant de le relire, dans le contexte actuel.
Il est rédigé sous forme de sketchs où l’absurde déjanté et caustique est poussé au paroxysme. Il raconte le rêve des habitants d’un petit village moldave, Larga – la Moldavie un des pays les plus pauvres d’Europe – les habitants n’ont qu’un rêve, un besoin impérieux, vital, celui d’aller vivre en Italie, l’Eldorado où il fait bon vivre et où chacun connaît la prospérité. Tous les moyens, stratagèmes, subterfuges sont bons pour tenter d’accéder à ce paradis, et l’imagination de certains est flamboyante ! Toutes ces tentatives avortent, mais la détermination de chacun reste vive.
Pourtant l’Italie, par l’écrivain, est tour à tour diabolisée, mystifiée, stigmatisée.

8/ Daniel : « Rue de la Sardine » –John Steinbeck- Folio
Steinbeck est né en Californie, pas très loin du quartier de Monterey, pauvre, sale, puant, malfamé où se déroule cette histoire, une fresque sociale rocambolesque qui dépeint et explore avec ironie la vie quotidienne ordinaire de la société américaine au cours des années de la grande Dépression.
 Le quotidien de ce quartier est rythmé par l’industrie de la pêche à la sardine et sa conserverie. Une communauté y vit malgré les conditions de vie difficiles dans la bonne entente.
Les descriptions sont luxuriantes, réalistes, les situations absurdes, souvent, terribles, mais toujours teintées d’humour noir et d’humanisme, sans misérabilisme.
Il faut relire Steinbeck, il est toujours d’actualité !
C’est un des romans emblématiques de cet auteur. Le picaresque espagnol est à l’honneur.
C’est lors d’une exécution capitale que Ramiro, le héros, un bâtard, se raconte. Brillant, insolent, philosophe, « potentiellement amoureux de toutes les femmes » et doué pour tous les métiers, il a vécu, de couvent en prison, de maison close en cirque ambulant, une série d’aventures et de rencontres qui rappellent de près le propre parcours de Sender.         

 10/ Michèle : « Oradour sur-Glane » – Nicolas Bernard – Tallandier/Ministère des Armées.
Michèle a été marquée par un événement récent ; Elle raconte : « Lors d’une conférence j’ai été confrontée à un auditeur et j’ai été sidérée par ses divers propos interpellatifs et négationnistes parmi lesquels, je cite : « Oradour -sur-Glane, n’est pas le terrifiant massacre qu’on raconte et la Division SS Das Reich n’y était pour rien ». Aussi dès que j’ai vu dans notre chère librairie le récent ouvrage de Nicolas Bernard Oradour sur-Glane 10 juin 1944, Histoire d’un massacre dans l’Europe nazie, je l’ai acheté, pour mieux analyser les nombreux détails de ce drame, confortés par de nouveaux documents mis à disposition par les archives de l’Armée ».
Ce début juin, quatre jours après le débarquement des Alliés en Normandie, cette petite bourgade située près de Limoges va être livrée au pillage, entièrement brûlée et rayée de la carte – 643 victimes sont dénombrées dont 222 femmes, 147 écoliers âgés de 6 à 14 ans, 68 enfants de moins de 6 ans.
Ce même jour, en Grèce à Distomo, la 4ème division SS subit le même sort : 218 victimes dont 53 enfants de moins de 16 ans. (La date du 10 juin semble être fatidique dans l’éradication de villages)       
Depuis les ruines du village martyr constituent l’un des symboles les plus poignants de la barbarie nazie. Qui est à l’origine de cette horreur, pour quels motifs, pourquoi les principaux responsables ont-ils échappé à la Justice après la fin du conflit ? Et surtout pourquoi ce carnage a-t-il d’avantage frappé les esprits que bien d’autres atrocités ?
Ce livre répond complètement à ces questions et met en exergue l’histoire même du Troisième Reich, de ses stratégies de domination et clarifie les causes de ces drames.
Ici, tout est affaire d’apologie et de représentations : les nazis ont voulu faire d’Oradour un symbole de leur tout puissance meurtrière.
Pour les négationnistes, éradiquer le souvenir d’Oradour revient à éliminer un symbole de la barbarie hitlérienne. S’y mêle aussi une accusation xénophobe, à savoir que les maquis étaient aussi constitués d’Espagnols républicains qui, selon eux, pillèrent, violèrent et massacrèrent dans la région de Limoges. L’allusion s’inspire de la propagande vichyste, ciblant ces réfugiés ayant fui la guerre civile d’Espagne. Pourtant dans ce village 19 femmes et enfants espagnols seront assassinés le 10 juin 44.
Denise Bardet institutrice qui périra dans l’église d’Oradour écrivait dans ses carnets : « le signe de l’amitié c’est de dire la vérité et de l’entendre. »

Le choix de nos libraires :

11/ Marlies :Deux livres qui pourront faire d’excellents petits cadeaux pour Noël.
 « Journal d’Edward, Hamster nihiliste (1990-1990) » – Myriam et Elia Ezra – Flammarion.
C’est le journal intime d’un hamster philosophe incompris, à la brève existence qui s’interroge sur le sens de la vie. C’est hilarant, mais les réflexions d’Edward sont aussi un état d’esprit.

« L’Étoile de Mo Aventures forestières » – Yeonju Choi -Hélium – Actes Sud
Un roman pour les jeunes enfants, (que les adultes aimant particulièrement les chats pourront aussi apprécier) joliment illustré, délicatement présenté, qui raconte l’histoire du chat Mo qui part à la recherche d’une étoile, il trouvera au bout de son périple un ami particulier.

12/ José : « L’alphabet du silence » – Delphine Minoui- Collection Proche
La Mémoire du Monde accueillera cette écrivaine-journaliste le 12 décembre.
Ce livre est sélectionné pour le Prix littéraire des lycéens et apprentis de la Région Paca.
C’est l’histoire, inspirée de faits réels, d’un couple de jeunes intellectuels aux prises avec le pouvoir en Turquie suite à la simple signature d’une pétition qui mènera le mari et père en prison.
De la même autrice José rappelle aussi l’admirable livre « Badjens » qui évoque la réalité du quotidien des femmes iraniennes, fliquées jusqu’à en mourir, leur besoin de rébellion, leur cri de liberté.

13/ Miguel : « Grégory » – Pat Pernat Christophe Gaultier avec Jean Marie Villemin. Editions les Arènes.
Une Bd sur l’affaire Grégory qui sera présentée, faute de temps lors de la prochaine séance.

Lectures Partagées du 8 novembre 2024

  • 1/ Le Club lecture a lieu tous les premiers vendredis de chaque mois de 18h30 à 20h : Chacun vient et présente un livre qu’il a lu. S’ensuit un échange. La séance est animée de façon que chacun puisse avoir le temps de présenter son livre.  
  • 2/ Soirée « Un livre- Un auteur » qui a lieu tous les trois mois environ, de 18h30 à 20h : Un moment de partage et d’échange, pour aller à la rencontre d’un auteur et d’une de ses grandes œuvres lue préalablement par tous les participants.   Un petit apéritif clôture chaque séance.
  • Comment y participer ? Le club est ouvert à quiconque. Pour des raisons de place, il suffit de s’inscrire, en venant à la librairie, en nous envoyant un mail ou en téléphonant.
  • Prochaines rencontres : Vendredi 6 décembre 2024 à 18h30  
  • Un Livre un Auteur : Le vendredi 24 janvier 2025 à 18h30.
    Il s’agira de la lecture partagée du livre Total Khéops de Jean Claude IZZO (Folio).
    Ce livre est le premier d’une trilogie qui raconte la vie d’un policier très atypique de Marseille. Un roman fort qui nous fait mieux connaître cette ville mystérieuse. Un grand moment d’échange en perspective.

Animation : Miguel Couralet – Compte rendu : Miguel Couralet, Michèle Robinet.

13 participants : des fidèles du club-lecture et des nouveaux venus « pour voir ».

12 livres présentés.

1/ Delphine : « l’Opoponax » – Monique WITTING- Editions de minuit

L’Opoponax, c’est peut-être, c’est même à peu près sûrement le premier livre moderne qui ait été fait sur l’enfance. Le livre raconte l’histoire d’une petite fille, de la maternelle à la fin de sa scolarité. Un livre à hauteur d’enfant.  L’autrice utilise le pronom indéfini « on » comme instance narrative ce qui lui permet de dénoncer la domination masculine mais aussi de voir l’enfance dans son universalité. Delphine a été captivée par ce récit.

2/ Franck : « Bien être » – Nathan HILL- Gallimard

À l’aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l’un en face de l’autre et s’épient en cachette. Rien ne semble les relier — elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu’ils se rencontrent enfin, le charme opère et l’histoire d’amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. On retrouvera ce couple a des dates différentes. Un livre avec beaucoup d’humour et très documenté. Un livre que Franck n’a pas lâché du début à la fin.

3/ Frédérique : « Les vaisseaux du cœur » – Benoite GROULT- Livre de poche

Un amour à fleur de peau, de cœur entre 2 êtres que tout sépare. Qui saura, entre homme et femme, inventer une passion qui ne s’use pas ? Qui saura, malgré le temps qui passe, préserver les belles amours de leurs disgrâces quotidiennes ?
Tel est, au fond, le secret de ces deux êtres que tout sépare, mais que d’intenses ferveurs rapprochent. Lui, c’est un marin breton, elle est une intellectuelle parisienne. Ils ne se ressemblent guère, un monde d’usages ou de convenances. Un livre vibrant que Frédérique a donné envie de lire ou de relire.

4/ Mikaela : « Alma » – Timothée de FOMBELLE (trilogie) Gallimard Jeunesse

1786. Le jour où son petit frère disparaît, Alma part sur ses traces, loin de sa famille et de la vallée d’Afrique qui les protégeait du reste du monde. Au même moment, dans le port de Lisbonne, Joseph Mars se glisse clandestinement à bord d’un navire de traite, La Douce Amélie. Il est à la recherche d’un immense trésor. Dans le tourbillon de l’Atlantique, entre l’Afrique, l’Europe et les Caraïbes, leurs quêtes et leurs destins les mènent irrésistiblement l’un vers l’autre.
Mikaela avec détermination nous a raconté sa passion pour la saga ALMA, qui manifestement la fait rêver tant il y a des émotions, des rebondissements, avec des personnages attachants qui possèdent des dons. Certes un livre dans une collection jeunesse mais qui enchanter les adultes.   

5/ Jacky : La barque de Masao – Antoine CHOPLAIN- Ed Buchet-Chastel (compte-rendu écrit transmis par Jacky)

Masao est ouvrier sur l’île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l’usine, il découvre Harumi venue l’attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d’humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles. Ce face à face ravive les souvenirs… Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d’amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d’Harumi. Les années passées comme gardien du phare d’Ogijima.
Antoine Choplin nous embarque au Japon sur une de ses nombreuses îles (14125). Masao un ouvrier rectifieur retrouve sa fille Harakumi jeune adulte qu’il avait confié à ses grands-parents à la mort de sa mère. Elle est assistante architecte et elle vient présenter à son père son projet de musée. Outre les retrouvailles qui se font dans la simplicité et un amour réciproque, Choplin explore les différents niveaux de perception d’un art-isan (Masao passe le peu de temps qu’il a à construire une barque) et d’une art-chitecte qui s’est hissée hors du monde populaire grâce à l’abnégation des grands-parents et au sacrifice de son père qui a vendu sa barque magnifique pour financer une partie des études de sa fille. Masao est un homme seul, avant l’usine il a été gardien de phare où il a éprouvé et aimé la solitude et la poésie …
Saura-t-il partager avec sa fille une compréhension du monde marquée par la condition ouvrière et combler l’écart de connaissances ? Tout en délicatesse et respect pour l’autre, la réponse est oui, oui, oui. Magnifique…

6/ Miguel :  Tsunami – Marc DUGAIN – Le livre de poche

Ce roman nous fait un président de la république qui gouverne une France de plus en plus agitée. Sollicité à chaque seconde, menacé par des affaires compromettantes dont lui seul a la clé, on découvre, dans ce roman vrai, au-delà des apparences, sa vie quotidienne chaotique, et c’est fascinant. Il veut réformer mais hésite souvent.
Marc Dugain nous ouvre les portes de l’Élysée, palais byzantin, plongé dans une ambiance fébrile. Il dévoile avec une férocité lucide, les secrets du pouvoir, la manière dont les décisions sont prises. On alterne les rôles publics avec les scènes privées. Beaucoup de rebondissements. C’est passionnant à lire et nous fait voir l’actualité avec un autre regard.

7/ Catherine : Histoire d’un fils -Marie -Hélène LAFON – Buchet-Chastel

Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu. André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille. Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent. Le roman se présente comme un scénario.  Les chapitres sont des dates. Beaucoup d’ampleur dans le récit, un style très enlevé. Il est question du déterminisme social  

8/ Isabelle :  Jacaranda – Gaël FAYE- Grasset. (Compte rendu écrit transmis par Isabelle)

Ce qui m’a accroché tout d’abord c’est la couverture du livre et son titre JACARANDA. En effet, cet arbre ou flamboyant bleu, espèce subtropicale, m’a enchantée durant mon long séjour en Afrique du Sud. Ses fleurs violettes transformaient les rues en un paradis dans un pays qui n’en était pas vraiment un. Dans ce roman, le Jacaranda joue un rôle important pour l’un des personnages, Stella. L’histoire se déploie sur 4 générations : Entre celle de Rosalie qui a vécu dans un Rwanda pré-ethnique et celle de Stella, dans un Rwanda post-ethnique, qui a enregistré les souvenirs de Rosalie pour garder la mémoire de ce passé révolu. Entre elles deux, 3 générations vont vivre la racialisation de la société rwandaise. Tutsi et Hutu désignaient un statut social en fonction de ce que les gens possédaient, entre ceux qui possédaient du bétail et ceux qui travaillaient la terre. C’est ainsi que dans une même famille il pouvait y avoir des Tutsis et des Hutus. La colonisation belge et bien sûr l’église ont construit une hiérarchie des races notamment sur des critères morphologiques. C’est un long processus qui s’est construit sur une idéologie et la marginalisation d’un groupe en l’occurrence les Tutsis. Sans dévoiler l’histoire, Gaël FAYE, par la voix de son personnage principal Milan qui cherche à comprendre les silences de sa mère et à exhumer les secrets familiaux, tente de retracer l’histoire des victimes et des bourreaux. Comme une mise en perspective où chacun s’essaie au dialogue et au pardon. Et pour conclure, comme Gaël FAYE a dit lui-même dans une interview : « Quoi de mieux qu’un arbre pour raconter une histoire de racine et de mémoire » 

9/ Geneviève : Samarcande – Amin MAALOUF- Livre de poche

Samarcande , c’est la Perse d’Omar Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie, mais aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l’ordre des Assassins, la secte la plus redoutable de l’Histoire.
Samarcande, c’est l’Orient du XIX siècle et du début du XX .le voyage dans un univers où les rêves de liberté ont toujours su défier les fanatismes.
Samarcande, c’est l’aventure d’un manuscrit qui, né au Xie siècle, égaré lors des invasions mongoles, est retrouvé des siècles plus tard.
Une fois encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus envoûtantes cités d’Asie, Amin Maalouf, l’auteur de Léon l’Africain, nous ravit par son extraordinaire talent de conteur. Geneviève a été passionnée par ce livre que beaucoup avaient lu, ce qui a donné de beaux échanges.

10/ Marlies : Boucher- Joyce Carol OATES- Ed Philippe Rey

Le terrifiant récit d’un médecin, créateur de la gynécologie prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXe siècle pour se faire un nom dans la recherche médicale. Un livre manifestement à découvrir.

11/ Josée : L’Amérique et ses prophètes – Greil MARCUS – Editions Galaade

Au lendemain du 11 septembre 2001, le New York Times titrait sa une : “Les États-Unis attaqués”. Il avait compris combien, plus qu’ailleurs, l’Amérique pouvait être mise en péril à travers ses symboles. La nation américaine : une invention qui pouvait être détruite comme elle avait été construite. 

12/ Josée : Intermezzo – Sally RONNEY- Gallimard

Ivan et Peter, deux frères que les années ont éloignés, se retrouvent à la mort de leur père. Ivan, vingt-deux ans, est un brillant joueur d’échecs, ultrasensible et solitaire. Peter, juriste renommé de Dublin, est un trentenaire aux multiples conquêtes. Tous deux vivent des amours périlleuses pendant ce moment délicat du deuil, intermède de vie où la fragilité n’exclut pas l’aventure.

Conférence “Jean Claude Izzo, sa vie, son oeuvre”

Conférence de Michèle Stubbe-Robinet et Florian Bouscarle

La conférence de Michèle et Florian nous a fait découvrir à travers son œuvre le parcours de vie de Jean-Claude Izzo, cet auteur amoureux de Marseille.
Après une présentation biographique de Jean-Claude Izzo, ils se sont attachés à nous donner envie de lire ou relire la trilogie Total Khéops, Choumo et Soléa en abordant différents thèmes, fils conducteurs dans ces trois oeuvres.

Octobre

Dans l’herbe encore verte les feuilles déjà jaunes. Un vent court et actif forgeait avec un soleil sonore sur la verte enclume des prés une barre de lumière dont les rumeurs d’abeilles venaient jusqu’à moi. beauté rouge.  Splendide, vénéneuse et solitaire comme la rouge oronge.

Albert Camus, Carnet II.

Photo : Olivier Gazzano – PhotosGz.fr

En ce mois d’octobre 1942, Albert Camus séjourne au Panelier près de Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.  Retrouvez-le  dans Camus chez les Justes, sous la direction d’Anne Prouteau, qui vient de paraître aux Éditions Bleu Autour.

Septembre

«  Le vrai rêveur est celui qui rêve l’impossible » .

Elsa Triolet, Le rossignol se tait à l’aube, 1970.

Elsa Triolet (12/09/1896 – 16/06/1970), Femme de lettres, résistante française d’origine russe. Première femme à obtenir le Prix Goncourt.

Photo : Olivier Gazzano – PhotosGz.fr

« Qu’est-ce que l’homme ? Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux. » Albert Camus, Lettres à un ami allemand, Ed. Gallimard, 1948.

Hommage à Frédéric Mitterrand à Hammamet (21 aout 1947-21 mars 2024)

L’Association Partages culturels en Provence était représentée par Michèle lors de l’inauguration de la stèle le vendredi 21 juin 2024 dédiée à Frédéric Mitterand, érigée au cœur du  petit et attachant cimetière marin d’Hammamet en présence de ses trois fils, Mathieu Mitterrand, Saïd Kasmi-Mitterrand, Jihed Guasmi-Mitterrand, de ses amis, sympathisants et voisins.
C’est Mathieu, son fils aîné, qui a lu un hommage pathétique rappelant ses engagements, ses passions, sa vie hammamétoise.

Si Frédéric Mitterrand a pu écrire certains textes polémiques, avoir eu des attitudes contestables voir répréhensibles, il ne faut pas oublier l’homme attachant et généreux  qu’il fut, l’écrivain talentueux, le génial réalisateur, l’esthète éloquent, l’érudit d’art éclairé et passionné.

A  l’issue de cette lecture émouvante et vibrante, chacun fut invité à fleurir ce cénotaphe  avec l’emblème divin d’Hammamet le jasmin.  Bientôt une fine pluie blanche et odorante recouvrit le monument  portant le titre d’une de ses derniers ouvrages Mes regrets sont des remords ( Robert Laffont, 2016 )

Août

“C’est quand l’adolescence s’achève que l’on comprend ce qu’elle aurait pu être. En général, il n’y a pas de date précise, ça vient peu à peu, le sens du passé perdu et de tout ce qu’il reste à entreprendre. Pour moi, c’est plus net : elle s’est arrêtée le 28 avril avec le départ du général de Gaulle.”

Frédéric Mitterrand, Une adolescence, Ed. R.Laffont 2015.

Photo : O.Gazzano – PhotosGz.fr – “Pays Basque 2024”

Lectures Partagées du 7 juin 2024

Compte rendu du club littéraire du 7 juin 2024

  MÉMO : 2 formules   1/ Le Club lecture a lieu tous les premiers vendredis de chaque mois de 18h30 à 20h : Chacun vient et présente un livre qu’il a lu. S’ensuit un échange. La séance est animée de façon que chacun puisse avoir le temps de présenter son livre.   2/ Soirée « Un livre- Un auteur » qui a lieu tous les trois mois environ, de 18h30 à 20h : Un moment de partage et d’échange, pour aller à la rencontre d’un auteur et d’une de ses grandes œuvres lue préalablement par tous les participants.   Un petit apéritif clôture chaque séance. Comment y participer ? : Le club est ouvert à toutes et à tous. Pour des raisons de place, Il suffit de s’inscrire préalablement en venant à la librairie, en envoyant un mail ou en téléphonant : lamemoirdumonde@yahoo.fr Tel : 04 90 85 96 76     Prochaines rencontres : Le club lecture : 5 septembre 2024 à 18h30   Un Livre un Auteur : Le vendredi 20 septembre 2024 à 18h30. Nous avons choisi de mettre à l’honneur Giuliano da Empoli et son best-seller Le Mage du Kremlin (Folio), un récit qui nous plonge au cœur du pouvoir russe, d’une actualité ubiquiste.   Prochainement cycle Jean Claude IZZ0 : Nous avons retenu aussi, pour une autre séance, dont la date sera fixée ultérieurement, Total Khéops de Jean-Claude Izzo (dernier trimestre 2024) Ceci sera précédé, le 5 octobre 2024, 16 heures, en partenariat avec l’Association Partages culturels en Provence une conférence consacrée à la vie et l’œuvre d’Izzo.

 Animation : Olivier Tissot, Compte rendu : Miguel Couralet, Michèle Robinet.

12 présents, des fidèles du club-lecture.

Miguel, « Narcisse et Goldmund » – Hermann Hesse -Livre de poche,

250 pages

Hermann Hesse est un immense auteur, prix Nobel de littérature que Miguel s’est attaché à nous faire découvrir ou redécouvrir. Courrez vite lire « Narcisse et Goldmund » mais aussi « Siddhartha », « le Loup des Steppes », « le voyage en orient », « Damian » et peut être, bien qu’un peu plus difficile car ésotérique, « Le jeu des perles de verre » ….

« Narcisse et Goldmund » se déroule au Moyen Age.

Goldmund a perdu sa mère très jeune. Il est conduit par son père au monastère de Mariabronn pour y faire sa scolarité et espère-t-il devenir moine. Il est pris en charge par son brillant professeur qui deviendra plus tard Abbé du monastère. Une grande amitié naît entre eux. De longues conversations entre Narcisse et Golmund fondent une conviction qui conduit ce dernier à quitter le monastère pour parcourir campagnes, villes et villages dans une vie vagabonde pleine de rebondissements, d’amours féminines et de découvertes sur ce qu’est l’art.

Si les rencontres sont riches d’enseignements et de joie pour Goldmund elles sont aussi parfois rudes. Il est amené à tuer un autre vagabond qui l’a trahi. Il rentre dans des familles et crée parfois la confusion. Lui-même se lasse de cette vie et s’interroge sur le sens des choses remettant en question sa façon de vivre.

Il apprend le métier de sculpteur sur bois et réalise des chefs d’œuvre. Il ravit la compagne d’un comte et est condamné à mort.

Sauvé par Narcisse venu le rechercher il revient se réfugier au monastère et reprend ses conversations avec son ami devenu abbé, tous les deux forts des expériences qui les ont mûris. Deux opposés qui s’attirent et se complètent. Ceci tout en réalisant un nouveau chef d’œuvre dans la chapelle du lieu.

Puis il repart vagabonder jusqu’à l’épuisement de lui-même et revient mourir au monastère prés de Narcisse qui le veillera jusqu’au dernier souffle.

Ce livre est d’une incroyable densité. Toutes les situations, toutes les rencontres sont porteuses de valeurs. Toutes les facettes de l’humain sont mobilisées : la raison, les sens. Sont interrogés les rapports à la vie, à la mort, à l’amour, à l’amitié, à la maladie aux croyances, à l’art. Le tout dans une finesse d’écriture qui enchante et bouscule.

Nous traversons le Moyen Age mais d’une certaine façon nous sommes hors du temps.

Narcisse et Goldmund, c’est un récit initiatique, une lecture bouleversante, profonde, puissante, une ode à la vie fugitive à travers la quête du beau. C’est un livre qui a été beaucoup lu dans les années 1970 et qui est à redécouvrir.                                                                

Laurence : « Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé » – Laurent Gaudé -Actes Sud- 128 pages 

 C’est le 13ème roman de l’auteur                             

Vendredi 13 novembre 2015. Une date qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Douceur automnale : ce soir a un goût de fête. Chacun rêve à ce que sera cette nuit.

Deux amoureuses savourent leur impatience de se retrouver ; des jumelles s’interrogent sur le lieu où elles pourront fêter leur anniversaire, une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s’agace de devoir garder seul bébé, sa femme ayant décidé d’aller au Bataclan où les Eagles of Death metal donnent un concert. 

 Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser, s’attarder pour savourer la nuit. Et du

côté des forces de secours et de l’ordre, rien n’annonce l’horreur imminente.

C’est un récit choral où les voix polyphoniques s’entremêlent, celles qui ont vécu la douleur de cet évènement, avant, pendant, après. C’est le basculement dans l’horreur. C’est la sidération                                                                                   

partagée, par tous, témoins, lecteurs. C’est un hommage, à la fois doux et terrible, poétique, empathique, sans pathos offert à toutes les victimes tuées, blessées ainsi que celles détruites psychologiquement.

 Laurence a eu bien du mal à mettre fin à cette lecture tant elle était liée au récit. Un livre très fort et plein d’humanité.

Daniel : « L’anneau du pêcheur » – Jean Raspail- Le Livre de Poche 308 pages

En préambule, Daniel nous rappelle quelques éléments biographiques concernant Jean Raspail (1925-2020), à la fois écrivain et explorateur. Ses romans racontent essentiellement de personnages historiques, des explorations, des reportages sur des peuplades autochtones : « Pêcheurs de lune », « Le camp des Saints », « Le roi de Patagonie- Moi Antoine de Tounens, roi de Patagonie », « Adios, tierra del Fuego »…Il fut parfois très critiqué pour ses prises de position ou sa vision du monde ( cf. le camp des saints) mais il reste un grand auteur à découvrir.

Dans le livre présenté nous naviguons entre le Moyen Age et aujourd’hui :

Qui est ce vieux prélat vagabond qui, demande l’aumône en ce Noël à Rodez et qui lorsqu’on l’interroge, répond simplement : Je suis Benoît. Un usurpateur ? Un illuminé ? C’est le descendant de la lignée des papes avignonnais, rebelles, six siècles plus tôt. Pourquoi les Services secrets du Vatican lancent-ils sur ses traces leur meilleur agent ? Le Saint-Siège se sentirait-il menacé ? Nous sommes pourtant en 1993. L’autorité de Rome n’est plus contestée depuis le concile de Constance qui déposa Benoît XIII, le dernier des antipapes d’Avignon, en 1417. L’ anneau du pêcheur (c’est l’insigne que reçoit le pape lors de l’inauguration solennelle du pontificat) est une œuvre troublante et visionnaire tenant à la fois de la fable mystique, du récit d’aventures et du roman d’espionnage.

C’est un roman magnifique qui envoûte par la beauté de son style et la richesse de son écriture. Beaucoup de séquences se déroulent à Avignon.

 Plus que jamais, avec ce livre, un chef d’œuvre, Jean Raspail, assoiffé de justice, défenseur passionné des causes perdues et des traditions oubliées, s’ affirme comme un écrivain au talent souverain.

 Une présentation belle et émouvante qui a donné à plusieurs d’entre nous l’envie de lire ce livre.

Micaela : « L’inconnue du portait » – Camille de Peretti – Calmann-Lévy

350 pages

Peint à Vienne en 1910, le petit tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame représente une femme en buste, à l’expression langoureuse, bouche entrouverte, pommettes enfiévrées. Il est acheté par un collectionneur

anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019, cachée dans un sac poubelle dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie.

Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune

femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait. L’escapade de la femme sans nom et étrangement repeinte reste un mystère…

Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie

contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses

descendants.  Une fresque magistrale qui couvre trois générations, une enquête où se mêlent des évènements historiques, des secrets de familles, des succès éclatants, des amours contrariées, des disparitions et drames retentissants.

Micaela a pris plaisir à cette saga rocambolesque composée comme un puzzle tout en douceur et en suspens à partir d’un fait divers bien réel.

Jules : « Chemin faisant»- Jacques Lacarrière- Fayard- 295 pages

Ce livre n’est pas un guide pédestre de la France. Il est une invitation au vrai voyage. C’est le partage d’un journal d’un errant heureux, des Vosges jusqu’aux Corbières, improvisant les étapes de sa randonnée à la fin des années soixante-dix, loin des autoroutes, des grands axes, sans GPS bien sûr. Un cheminement à l’échelle humaine où le temps se mesure par les pas du marcheur (sans podomètre) .

Jacques Lacarrière ne se contente pas de dévoiler le monde à travers son regard nu de marcheur : il nous raconte les saisons, insectes, animaux, vallées, falaises, écluses, moulins à vent, carrières, églises, calvaires, dolmens et autres trésors découverts au cours de son parcours. Il dit également les conversations avec des cafetiers, aubergistes, villageois, garde-forestiers et autres habitants de ces régions secrètes de France.
C’est un livre empreint d’humanité, qui renvoie à d’autres ouvrages  comme celui de Gaspard Koenig, de Sylvain Tesson (un été avec Rimbaud) …Jacques Lacarrière, passeur idéal, convie ses lecteurs à un cheminement initiatique au pays de la connaissance des êtres et de soi.

Le style est savant, poétique.

Jules a beaucoup aimé ce livre et a su en parler avec passion.

 Isabelle : « J’ai péché, péché dans le plaisir »-Abnousse Shalmani – Grasset-

 198 pages

« J’ai péché, péché dans le plaisir, dans des bras chauds et enflammés. J’ai péché, péché dans des bras brûlants et rancuniers. »

Phrase extraite d’un poème de Forough FARROKHZAD, poétesse iranienne, née à Téhéran en 1935 et morte en 1967.

Abnousse SHALMANI, elle aussi iranienne, en a tiré le titre de son roman.

 Abnousse va faire se rencontrer deux femmes remarquables, deux portraits féminins inoubliables, qui relient deux mondes opposés : Forough et Marie de Hérédia (fille du poète José Maria Hérédia).

Forough a marqué son époque grâce à une poésie qui dépassait les cadres trop rigides de la littérature iranienne des années 50, en abordant des sujets tels que la religion, l’amour et le sexe. Elle s’est attirée la foudre des autorités et ses recueils ont été interdits après la révolution islamique de 1979.

Marie de Hérédia, ensuite, née en 1875, pouvait profiter, elle, de certains privilèges. Bien que les mariages fussent souvent arrangés, cette jeune femme pouvait profiter des plaisirs de la Belle Époque, empreints de légèreté et d’une certaine propension à la fête.

Mariée à Henri de Régnier pour éponger les dettes de son père, elle se fait la promesse de ne connaître sa 1ère fois qu’avec l’homme qu’elle aime vraiment, Pierre Louys, poète lui-aussi.

Familiarisée avec les plaisirs sensuels, Marie se trouve souvent plongée dans des célébrations où les normes sociales sont bien souvent dépassées.

La rencontre, fictive, de ces deux femmes se passe par l’intermédiaire de Cyrus, le traducteur iranien des poèmes de Louys. C’est lui qui fait découvrir Marie de Hérédia à Forough. Grâce aux traductions, la poétesse plonge dans l’univers de Marie et va vivre par procuration cette vie de plaisir qu’elle n’ose imaginer vivre en Iran. Au fur et à mesure de ses rencontres avec Cyrus, devenu son amant, celui-ci lui raconte les dessous de cette histoire d’amour et les parallèles avec sa poésie. Forough, comme fascinée par Marie, attend que son amant lui décrive toujours plus précisément cette vie-là comme pour échapper à sa réalité iranienne.

Un livre puissant, sensuel qui parle de liberté. Il met en exergue les difficultés de vivre libre, même aujourd’hui, particulièrement en Iran.

Frédérique : « La délicatesse » – David Foenkinos- Gallimard – 208 pages

Beaucoup d’entre nous ont lu ce roman ou vu le film avec Audrey Tautou mais la présentation de Frédérique nous a permis d’en avoir une vision renouvelée.

Nathalie est belle, attirante, intelligente. Elle est mariée à François, ils sont heureux, ils s’aiment et semblent avoir la vie devant eux… mais, un jour, la belle mécanique s’enraye. François décède brutalement. Nathalie est anéantie par ce décès et va se plonger dans le travail avec outrance pour oublier sa peine. Elle travaille dans une entreprise suédoise. Le cœur de Nathalie devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter. Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Pourtant il est émouvant., intuitif. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l’amour, c’est un signe du destin : il se lance à sa conquête… tout en délicatesse.

Deux thèmes principaux sont développés dans ce roman : comment se reconstruire après un drame, comment construire des relations délicates entre deux êtres.
C’est le roman du sentiment délicat, bienveillant un hymne à la vie lumineux, qui traite de la banalité du quotidien avec délicatesse.            

Paul : Présentation de la pièce Paysages/Visages – Textes de Giono

Nous avons droit, en avant-première à la présentation de cette pièce qui sera donnée lors du Festival d’Avignon au théâtre de l’Isle, place des Trois Pilats.

C’est un triptyque pour une randonnée à travers les paysages et les visages dans l’ œuvre de Jean Giono :
Paul Fructus a adapté trois romans de Jean Giono : Un de Baumugnes, Prélude de Pan, Le chant du Monde.
Un spectacle qui respecte les textes de Jean Giono en faisant passer la puissance et la force des mots.

« Ouvrir un livre de Jean Giono, c’est ouvrir une porte sur des paysage tourmentés et une humanité emportée dans la danse folle des saisons. Il n’y a pas que de l’émerveillement, il y a aussi du vertige. Le même vertige qu’à la contemplation d’un paysage de Van Gogh. Les arbres se tordent sous les mêmes vents froids, sous les mêmes soleils fous. C’est avec l’appétit de faire entendre à haute voix les mots et le monde de Giono »
L’occasion de relire ces trois romans avant d’aller voir avec plus d’émotion cette pièce.

Michèle : « Le Nom sur le mur »- Hervé Le Tellier- Gallimard-

Le héros de ce livre, est André Chaix, dont le patronyme est gravé sur le mur de la maison acquise par l’auteur qu’il voulait « maison natale ». Un ancien relais de poste situé dans la Drôme provençale à La Paillette, un hameau près de Dieulefit. Une demeure pour s’inventer des racines, dans un village vivant. La maison fut occupée quelque temps par un céramiste qui avait apposé sur la façade des plaques émaillées. C’est en retirant l’ une d’entre elles que le nom fut révélé.

( voir *)

Hervé Le Tellier va  trouver ce graffiti, s’en intéresser vraiment quand un nom accroche son regard sur le monument aux morts du village.

Mêmes patronyme et prénom que ceux figurant sur la façade de sa maison. Il va se documenter, recueillir des fragments de mémoire. On lui confie une petite boîte dans laquelle sont conservés quelques vestiges de la vie d’André Chaix : des photographies des lettres, celles adressées notamment à Simone Reynier, sa fiancée, qu’il aima « follement », des extraits de journaux…

Il est né en 1924. Il vivra 20 ans, 2 mois et 30 jours. Le 23 mai 2024. Sa jeunesse resta figée à jamais.

Ce récit permet de rendre hommage à ce jeune drômois, résistant, maquisard, disparu tragiquement. Il meurt des suite de ses blessures le 23 août 1944 à Dieulefit.

Mais Hervé Le Tellier digresse, il pousse beaucoup de portes qui s’ouvrent largement donnant à voir la vie quotidienne durant ces années de guerre. Il explore cette époque « où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l’égoïsme et l’abject ». Il rencontre d’autres Résistants, des artistes et des écrivains ( et oui, Camus est encore évoqué !) et fait résonner d’autres drames. Il nous livre ses réflexions, ses propres souvenirs liés à cette période de l’histoire qu’il n’a pas connue directement mais qu’il a découvert par des visites de musée, films et des lectures… Ce livre hybride nous fait réfléchir. Il nous donne des clés pour démonter des mécanismes qui loin d’être grippés se remettent en mouvement périodiquement.

*Michèle a voulu vérifier si ce jeune homme à la vie brève était apparenté à une autre famille Chaix, qui s’impliqua, elle aussi dans la Résistance, résidant dans le Vercors et dont une fille épousa un autre maquisard venu de Lyon, qui fut l’ami de son père. A priori non, le nom de famille Chaix est courant en France (cinq mille, selon l’auteur plus de 50 Chaix figurent au fichier administratif de résistantes et résistantes du musée de la Résistance).

Marlies: « Belette » – Mye – Le Tripode, 256 pages

Belette 13 ans, évite comme elle peut les baffes de son père. Un jour elle fugue et se réfugie dans un bunker abandonné face à la mer avec sa meilleure amie Babine sa bicyclette ! Ce premier roman, plein de folies et de tendresse, est un coup de cœur de toute l’équipe du Tripode.

Elle dérobe les croissants à la boulangerie et peut compter, pour survivre, sur l’ami Bruno, le vieux Léon et une femme de passage, qui se prend d’affection pour elle. Et quand les larmes menacent, Belette brave encore la défaite du monde, avec sa joie légère et son battant au cœur.

Libre et intense, le personnage de Belette, rappelle la fougue de la Zazie de Queneau, l’ambiance des plages du nord en plus. Avec ce premier roman, à la langue, brute, poétique et entêtante, parfois enfantine et vulgaire, l’écrivaine Mye réussit son entrée dans la littérature.

Rubrique : L’actualité du libraire par José

 « La vie de ma mère » – Magyd Cherfi,- Actes Sud,- 272 pages

Porté par une plume alerte, pleine d’autodérision et de tendresse, l’ex-parolier du groupe Zebda ( chanson Tomber la chemise !) livre ici avec brio le récit ficelé d’une émancipation tardive, celle d’une mère algérienne immigrée qui, au seuil de sa fin de vie, décide de goûter enfin aux plaisirs de l’existence.

En filigrane, ce roman résonne comme un vibrant hommage à toutes ces mères sacrifiées sur l’autel de la famille, du devoir, des traditions, et un appel à leur nécessaire émancipation.

C’est à la fois tendre, cruel, drôle, bouleversant.

 « Le triomphe des imbéciles » – Samir Kacimi- Sindbad- 304 pages

Le président algérien a fait un cauchemar. L’ensemble des habitants est immédiatement convoqué pour que soient identifiés – et mis hors d’état de nuire – les premiers rôles de ce songe menaçant. Commence alors un jeu de massacre jubilatoire, qui fait la part belle aux personnages les plus burlesques d’un quartier historique de la capitale, déterminés à profiter de la bêtise ambiante pour s’adonner aux pires combines. Jusqu’à un revers magistral : une étrange épidémie touche le pays et tous, des plus puissants aux plus démunis, perdent leur capacité à lire et à écrire. Qui faudra-t-il hisser au pouvoir pour les gouverner ?
Inertie politique, réseaux sociaux aussi abrutissants que dangereux, organes étatiques gangrénés, corruption à tous les étages, population qui a perdu le sens de l’insoumission – l’auteur livre ici une radiographie saisissante, ravageuse, d’une société qui semble avoir basculé de l’autre côté du miroir, à l’image, peut-être, de notre monde tout entier.

 « Ma cabane sans peine »- Alain Guyard- Le Dilettante, 224 pages

Alain Guyard est professeur de philosophie. Mais il est aussi et surtout un philosophe forain qui veut faire sortir la philosophie du carcan académique.

 Le mythe de l’écrivain qui se retire dans sa cabane au fond des bois pour y philosopher sur la nature, faire le point sur sa vie et couper des bûches à la hache, voilà le bon plan pour assurer un succès littéraire et éventuellement s’acheter un appartement en centre-ville grâce à l’artiche raflé dans la combine. Car voilà, les librairies sont saturés par les livres publiés à foison sur des créneaux et des thèmes porteurs d’un moment. Aujourd’hui, c’est Guyard qui se frotte au truc, élit domicile dans un minuscule mazet cévenol, au milieu des chevreuils, des grands chênes et des bergers mutiques et libidineux. De brefs chapitres, autant d’instants saisis dans la forêt, de fragments de sagesse brindezingue, de conseils de littérature frelatée.
C’est un livre jouissif sur le filon éditorial.