C’est un club lecture particulier qui nous a réuni ce vendredi 2 juin.

En effet la librairie était à cette occasion partenaire de la MAISON DE LA JUSTICE ET DU DROIT d’AVIGNON (MJD)* qui pendant 15 jours a fêté son 5eme anniversaire en multipliant les événements :

  • Exposition du Défenseur des Droits « dessine-moi le droit » dans les locaux du palais de justice ;
  • Concours d’éloquence au tribunal pour les collégiens, lycéens, jeunes de la mission locale et étudiants au palais de justice ;
  • Conférence débat sur « la preuve en droit » animée par le Cercle des juristes en droit social dans les locaux de la mairie ;
  • Jeux juridiques pour les jeunes et habitants à la MJD,
  • Journée portes ouvertes à la MJD ;
  • Programmation spéciale de 6 films à Utopia avec des débats portant sur des problématiques juridiques.

*La MJD est un formidable lieu de présence judicaire de proximité qui permet à quiconque de bénéficier d’informations, de conseils et de prises en charge de difficultés liées à l’accès au droit (Tout est gratuit !). Le tout est assuré par des permanences de divers professionnels et acteurs du droit : avocats, notaires, Défenseur des Droits, Conciliateurs de Judiciaires, AMAV, Rhéso, ADIL,CIDFF, UFC que Choisir, planning familial….

Donc le vendredi 2 juin le thème de la soirée de la librairie La Mémoire du Monde avait trait à la justice, au droit, aux enquêtes…

La soirée fut très animée avec des controverses, des débats et explications sur le fonctionnement de la justice, sur le rôle des personnels de justice….bref un très bon moment qui a enchanté chacun avec des découvertes et des renvois à d’autres auteurs et autres lectures

Livres présentés (Animation : Miguel / Compte rendu : Michèle)

Michèle : Les Justes Albert Camus – Folio poche

Camus a bâti cette pièce (1949) en transposant un évènement historique, l’attentat contre le grand- duc Serge de Russie, oncle du tsar Nicolas II en février 1905.
Le thème de la justice est omniprésent (nombreuses occurrences), de façon obsédante, polysémique et contradictoire, comme d’ailleurs, tout au long de l’œuvre camusienne.

Les personnages sont des êtres d’existence, partagés entre la nécessité du devoir, le droit de tuer, le caractère inexcusable du meurtre.

Faut-il tuer pour plus de justice ?

Faut-il tuer pour plus de liberté ?

Faut-il , quoiqu’il en coûte, tuer des innocents ?

« Je n’aime pas la vie, mais la justice qui est au-dessus de la vie » (Stepan)

Nathalie : La décision Karine Tuil – Folio Gallimard

Un roman de 2022, excellemment documenté qui entraîne le lecteur dans la vie personnelle, dans la tête, et le quotidien professionnel d’une juge antiterroriste. Un sujet d’une actualité brûlante. Le récit réaliste est mené avec une acuité sidérante, il nous permet d’entrer dans la psychologie de l’héroïne, d’être confronté à ses dilemmes. La lecture et les argumentations développées nous font réfléchir aux nombreuses questions sur l’État de droit. Les descriptions sont intéressantes et réalistes.
Un livre à relire, une référence en la matière.

On souligne que ce livre avait déjà fait l’objet d’une présentation lors d’un précédent club littéraire. Ici, Nathalie l’a présenté de manière différente, elle y a vu d’autres choses. Manifestement on ne peut qu’inviter chacun à lire ce livre qui fera date.

Christian : L’exécution Robert Badinter – Livre de poche

Un roman de 1973, qui nous plonge dans le procès de Claude Buffet et Roger Bontemps qui les mena tous à la guillotine. Ce récit est autant le manifeste de Robert Badinter sur son combat contre la peine de mort que ses réflexions sur le métier d’avocat.

Le récit évoque toutes les facettes de l’avocat, son rôle primordial dans la défense de l’accusé.

Le vocabulaire judiciaire est riche, toutes les instances, tous les acteurs d’un procès sont mis en scène dans ce livre.

Cette présentation a donné lieu a de beaux échanges entre les participants à la soirée pour se rappeler que l’avocat n’est pas là pour dire le droit mais pour défendre l’accusé, c’est la force de ce roman.

Françoise : La force d’une idée Alain Supiot – Les liens qui libèrent
Alain Supiot une sommité dans le domaine du droit du travail, de la sécurité sociale et de la philosophie du droit. Des générations d’inspecteurs du travail et de syndicalistes se sont nourris de son livre « critique du droit du travail » !

Françoise qui a suivi les cours d’A. Supiot au collège de France a présenté ce livre pour nous livrer les idées essentielles sur la justice sociale en relatant les apports d’une précédent auteur Alfred Fouillée (1838-1912). Supiot reprend l’histoire de cette idée et en montre la force inentamée. Un bon moment de réflexion.

Suzie : L’innocence et la loi Micael Connely – Le livre de poche

Ce thriller « politico-juridique » nous fait pénétrer dans le système pénal américain. Dans ce pays, un avocat accusé peut assurer, lui- même, sa défense. C’est ce que fera le principal personnage de ce livre au rythme soutenu. Il ne s’agira pas pour lui de développer ses arguments pour convaincre de son innocence (il sait qu’en la circonstance cela n’emportera pas l’adhésion du jury) , mais de se servir  des failles de la justice et de ses procédures  pour s’innocenter. Une écriture finement ciselée, une intrigue palpitante.
Une fois de plus, ce roman met en scène le rôle de l’avocat : savoir se servir de la loi pour défendre, envers et contre tout, l’accusé.

On rappelle le côté prolifique de Michael Connelly qui romans après romans expose avec succès les rouages du système américain bien différent du nôtre.

Régine : Le droit d’emmerder Dieu Richard Malka – Grasset

Avocat de Charlie Hebdo, lors des attentats de 2015, l’auteur nous livre le contenu de sa plaidoirie prononcé pendant le procès. Il y évoque le cheminement des idées malfaisantes portées par les islamistes. C’est un plaidoyer, un éloge à la liberté d’expression, une condamnation de la lâcheté.
Un livre puissant.

Plusieurs participants à la soirée du club littéraire avaient aussi lu ce livre ce qui a donné lieu a de beaux moments d’échange.

José, V 13 Emmanuel Carrère – P.O.L.

Ici, l’écrivain se met dans la peau d’un chroniqueur judiciaire qui suit le procès fleuve, jour après jour, des attentats du 13 novembre 2015, qui s’est tenu de septembre 2021 à juin 2022.

Ce livre révèle que la justice est faite de gens, de leur humanité, de leurs qualités et de leurs défauts et que le contexte culturel explique bien des faits et méfaits de la société actuelle.

Josée a présenté avec passion ce livre puissant qui lui aussi fera date.

Isabelle Templer : Une vie arrêtée – MVO Edition

Isabelle est l’autrice de ces faits réels, racontés, ici, de façon romancée en puisant dans son expérience professionnelle passée.

Le roman raconte la lente descente aux enfers d’une jeune marocaine qui a cru aux promesses d’une vie meilleure en Europe et qui finalement découvre une autre réalité.

Un livre coup de poing.

*Isabelle est présidente de l’association vauclusienne Rhéso qui a pour vocation d’accompagner des personnes en situation d’isolement, de fragilité sociale, économique, de santé, ayant besoin d’un soutien ponctuel dans la durée.

Jacky : Le siège de Caderousse (Lou siégé dé Cadarôussa) – J-B Fabre – La librairie des Fables

C’est une épopée burlesque écrite en langue occitane en 1774 par l’abbé Fabre , un curé de Montpellier. Est raconté un fait historique ayant opposé les caderoussiens (Habitants de Caderousse) et les soldats du vice-légat du Pape  avant que Louis XIV ne s’en mêle et  menace d’envoyer la troupe française afin de remettre de l’ordre dans les démêlés locaux liés à la pénurie de céréale et à la vente de blé aux autrichiens.

Le livre est écrit en provençal avec la traduction française. C’est débridé, plein d’humour surtout raconté par Jacky qui nous l’a présenté pour nous montrer comment le droit s’appliquait à l’époque (ou pas !)

Miguel : Le bûcher des innocents, Laurence Lacour. Edition des arènes

Le livre n’a pas pu être présenté ce soir-là par manque de temps. Mais il convient de le citer pour son grand intérêt par rapport au thème de la soirée. Il raconte en plus de 600 pages tous les événements liés à la mort du petit Grégory Villemin. Laurence Lacour journaliste à l’époque à Europe 1 est partie pour couvrir l’événement. Elle pensait y rester 8 jours, elle y est restée 5 ans.  Devenue amie des époux Villemin elle a suivi de bout en bout toute l’enquête et a eu accès à toutes les sources d’information. Son livre est imposant et poignant. Il décrit le travail des enquêteurs et des magistrats qui se sont succédés ainsi que les différents rebondissements. On y apprend plein de choses sur le fonctionnement de la justice et de ses failles. L’écriture est fluide et traduit une grande humanité de l’autrice. C’est un livre qui fait référence.



Lectures Partagées – 2 juin 2023
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