
Compte rendu du club littéraire du 7 février 2025
- 1/ Le Club lecture a lieu tous les premiers vendredis de chaque mois de 18h30 à 20h : Chacun vient et présente un livre qu’il a lu. S’ensuit un échange. La séance est animée de façon que chacun puisse avoir le temps de présenter son livre.
- 2/ Soirée « Un livre- Un auteur » qui a lieu tous les trois mois environ, de 18h30 à 20h : Un moment de partage et d’échange, pour aller à la rencontre d’un auteur et d’une de ses grandes œuvres lue préalablement par tous les participants. Un petit apéritif clôture chaque séance.
- Comment y participer ? Le club est ouvert à quiconque. Pour des raisons de place, il suffit de s’inscrire, en venant à la librairie, en nous envoyant un mail ou en téléphonant.
- Prochaines rencontres : Vendredi 7 mars2025 à 18h30
- Un Livre un Auteur : Le vendredi 11 avril janvier 2025 à 18h30.
Il s’agira de la lecture partagée du livre Camille l’abandonnée de André Castelli (Nü Editions).
Un beau livre artistiquement mis en page, illustré avec talent qui rend un hommage pathétique à Camille, talentueuse sculptrice qui mourut, abandonnée, à l’hôpital de Montfavet. Une visite à Montdevergues sur les pas de Camille Claudel (CHS de Montfavet) guidée par l’auteur sera organisée dans un second temps.
Animation : Miguel Couralet – Compte rendu : Miguel Couralet et Michèle Stubbe-Robinet
16 présents.
1/ Laurence : La lumière vacillante, Nino Haratischwili, ed Gallimard.
Très attendu après le succès de La huitième vie, ce nouveau roman confirme les talents littéraires de cette autrice géorgienne, de langue allemande.
Pour Laurence, une découverte « coup de cœur », une lecture addictive. L’histoire, dense – le livre est un gros pavé de plus de 700 pages-, se situe dans un quartier de Tbilissi, dans les années 90, au moment où l’Union soviétique s’effondre. Elle raconte l’amitié de quatre jeunes-filles, l’évolution de leur vie de femme portée par leurs idéaux . Elle permet aussi de suivre l’histoire politique, sociale, toujours tragique et cruelle de ce pays à travers leurs souvenirs. Le récit débute lors de l’inauguration d’une exposition de photos de l’une d’entre elles, artiste célèbre, absente lors de cette manifestation. Avec de nombreuses analepses, où passé et présent s’entrecroisent (quelques difficultés au début à s’y retrouver), on découvre, pour chacune d’elle, leurs parcours, on s’immerge dans leur expérience de l’amour, de l’espoir, de la déception, de la trahison, on vit la violence exacerbée de la guerre et du chaos, la misère qui sévit dans ce pays.
2/ Claude : Bristol, Jean Echenoz, Éditions de Minuit
Une fiction romanesque qui a passionné Claude. Elle met en scène Robert Bristol, un cinéaste de seconde zone.
L’histoire va alterner entre la vie burlesque des résidents de son immeuble, dans le XVIème parisien, les protagonistes du film une adaptation d’un succès populaire littéraire, le tournage mouvementé au Botswana. Le résultat sera, bien entendu déplorable. Le roman débute par la défenestration d’un homme de son immeuble, totalement nu, une chute qui laisse parfaitement indifférent Robert Bristol.
Une lecture sans prise de tête, qui offre humour, dérision, et aussi un peu de mystère.
Une écriture « cinégénique », ludique où les détails sont pléthoriques, l’hypotypose constante.
3/ Delphine : Ajouter de la vie aux jours, Anne-Dauphine Julliand, Éditions les Arènes.
C’est l’histoire vraie d’une mère de quatre enfants, trois sont décédés (maladie génétique et suicide).
Comment vivre après de tels deuils , une telle souffrance inextinguible ? Transformer la douleur en résilience. Il faut écrire, en se faisant violence, écrire pour ceux qui sont en vie, pour tous les siens, les autres, ceux qui vivent, ceux qui sont partis mais avec lesquels elle maintient des liens, elle écrit pour la vie, en étant attentive aux autres, un leitmotiv universel. Le style est intéressant, même si au début de la lecture, Delphine a été mitigée – trop d’égo ? Les chapitres sont courts, le récit est particulièrement émouvant pour tous les parents confrontés à de tels drames. Un beau témoignage, une lecture inoubliable.
4/ Jacky : Du givre sur les épaules, Lorenzo Mediano, Editions Zulma
Paru en 1998, réédité récemment, Du givre sur les épaules est un court roman sous forme de fable. L’action se situe au cœur des années 20, il y a un siècle à peine, dans les Pyrénées espagnoles, près de la frontière française. C’est une photographie d’un pays, resté à l’époque médiévale, avec ses riches, très riches propriétaires terriens, ses pauvres, ses paysans quasi illettrés, le poids du clergé…
C’est une version espagnole de Roméo et Juliette. Un article paru dans un journal local déclenche la colère des habitants, il y a beaucoup d’erreurs dans ce qui est rapporté, il faut donc écrire au journal pour rectifier ce texte. L’instituteur est alors chargé de recueillir auprès des villageois la vérité, chacun aura la sienne, chargée d’imposture, de contre-vérité, de mensonge. Avec ce roman, l’auteur nous fait part de sa vision, la fin prochaine d’une société patriarcale, où les inégalités sont trop manifestes, où il est quasi impossible de s’élever socialement. Jacky a adoré !
5/ Barbara : Dans le pays des Miroirs, Liv Strömquist, Éditions Rackham
Un roman graphique engagé et féministe dans lequel l’autrice suédoise analyse l’idéal contemporain de la beauté féminine : celle de la jeune femme, celle de la femme vieillissante. Affranchie des diktats de la société, elle peut alors s’épanouir avec d’autres critères, d’autres enjeux.
C’est une enquête psycho-sociale instructive, bien argumentée, s’appuyant sur une très riche bibliographie.
Les dessins ont surpris Barbara dans un premier temps, ils sont, en fait, le support à l’écriture foisonnante. Ils sont là aussi pour choquer et interpeller et souligner le propos. Barbara se promet de lire les autres œuvres de cette autrice.
6/ Geneviève : Cabinet de curiosités sociales, Gérard Bronner, Ed PUF
Ici, contrairement aux cabinets de curiosités en vogue à la Renaissance, il n’est pas question d’observer les choses rares, singulières, extraordinaires et complexes comme les rouages d’un automate ou le plumage coloré d’un oiseau empaillé. Les objets exhibés dans cette vitrine virtuelle relèvent de notre vie quotidienne.
Cet essai de Gérard Bronner est très instructif, il met en lumière les diverses croyances collectives, les idéologies fallacieuses, afin d’en extirper la part d’irrationnel.
Les sujets sont variés mais Geneviève a choisi de nous fait lecture d’un extrait dédié à la justice, avec un clin d’œil à Talleyrand.
C’est spirituel, drôle, pertinent.
7/ Simone : Quat’saisons, Antoine Blondin, Ed Folio
Avec jubilation, Simone nous présente ce recueil de 12 nouvelles, découpées en quatre chapitres, un par saison, complété dans sa réédition par 6 nouvelles complémentaires.
Ce livre a été récompensé par le Prix Goncourt de la nouvelle en 1975.
Simone a particulièrement apprécié , dans la nouvelle édition, « la petite reine » qui renvoie avec exultation et cocasserie à La Princesse de Clèves.
Une lecture piquante, délirante , pleine d’humour sous-jacent, à la hussarde, comme a été la vie de son auteur. Simone très en verve a su faire vivre tout cela en 6 mn !
8/ Catherine : Mesopotamia , Olivier Guez, Ed Grasset
Après la lecture de La Disparition de Josef Mengele, Prix Renaudot 2017,Catherine a souhaité découvrir ce roman. C’est un livre qui nous fait connaître, une héroïne inconnue, Gertrude Bell, fille d’un très riche industriel anglais, totalement dévouée à l’impérialisme britannique, aventurière, archéologue, intrigante, espionne, parlant l’arabe et le persan, une héroïne idéaliste, volontaire et tragique qui va évoluer, au lendemain de la Première guerre mondiale, après l’effondrement de l’empire ottoman, dans une contrée mythique entre Tigre et Euphrate, ce qui deviendra le Moyen Orient. C’est une vaste fresque politico-historique passionnante.
9/ Frédérique : Le commissaire dans la truffière, Pierre Magnan, Ed Folio
Troisième volume de cet écrivain régionaliste, ami de Giono. Sans doute, le meilleur de la série Commissaire Laviolette
Une nouvelle mission pour ce commissaire attachant. Il lui faut résoudre le mystère de la disparition de hippies installés dans le joli village de Banon, dans les Alpes de Haute Provence. Il doit collaborer avec la truie Roselyne, la reine du cavage.
Un polar de terroir plein d’humour (noir bien sûr). la description du pays, de ses habitants est joliment restituée, illustrée par des mots du terroirs, par l’évocation réaliste de coutumes locales millénaires et par une étude de caractères qui inclut autant l’histoire culturelle du pays que la psychologie des personnages.
10/ Céline : Mon mari, Maud Ventura, Ed L’Iconoclaste
C’est l’histoire d’une femme la quarantaine , mariée depuis plus de quinze ans, deux enfants, professeure d’anglais, avec une vie, en apparence, parfaite. Pourtant, elle a un problème : elle est amoureuse de son mari, comme aux premiers jours, une passion indéfectible, fusionnelle, obsédante, maladive. Cette épouse se met à épier chacun des gestes de son époux comme autant de signes de désamour. Du lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre. Elle regrette même d’être mère, cela est, pense -t-elle, au détriment de son mari.
Les chapitres se déclinent en jours de la semaine. L’écriture n’est pas particulièrement élaborée, mais ce roman, un premier pour l’autrice, assez dérangeant, fait réfléchir. Pour Céline, l’épilogue est intéressant et vaut, pour lui-même la lecture.
11/ Michèle : Comme un charme, Stéphane Crémer, Ed Denoël.
Stéphane est né le 7 avril 1954. C’est un enfant non désiré, conçu avant le mariage de ses parents. A sa naissance, son père a 30 ans, il fait partie de la promotion 52 du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, sa mère 24 ans est aussi comédienne issue du conservatoire.
En 60 courts chapitres, Stéphane qui vient d’avoir 52 ans, livre ses souvenirs, des fragments d’émotion liés à son enfance solitaire, les relations difficiles entretenues avec son père, un acteur de talent, sa mère, une comédienne fantasque et solaire , ses grands-parents franco-belges, sa grand- mère qui l’a vraiment aimé.
Il raconte, avec lucidité, des anecdotes qui l’on marqué, avec une sorte d’humour mélancolique, souvent doux-amer, voire assassin. Dans ce méli-mélo d’évocations percutantes, il y a des blessures douloureuses, liées à l’abandon du père absorbé par sa carrière, de la mère occupée par ses aventures extra conjugales. il y a aussi des réminiscences de bonheur, d’émerveillement.
Les parents divorcent (1964), le père se remarie. Il ne connaît pour famille que celle recomposée avec sa deuxième épouse.
Cependant, a de petits détails, on perçoit que les parents de Stéphane, » l’ont aimé », à leur façon.
Pourtant, Stéphane n’est pas un cas isolé, de nombreux enfants de comédiens , ou de parents divorcés peuvent aussi souffrir de l’absence de leurs parents . En fait, la valeur de ce petit livre, c’est qu’il dit la souffrance de Stéphane qui peut être celle de tout enfant privé d’amour parental.
Avez-vous deviné qui sont les parents de Stéphane ?
Son père :Bruno Crémer, , un excellent acteur qui a pourtant, pour Stéphane, raté son rôle de père,
Sa mère, Chantal Courrier ,1930-1995 , ancienne comédienne du Conservatoire, devenue antiquaire.
12/ Miguel par manque de temps n’a pas pu présenter Croix de Cendre, François Sénanque – Ed Grasset. Ce sera pour la prochaine fois !
Le choix des Libraires
13/ José signale de nombreuses rééditions en livre de poche.
Le Tchékiste , Vladimir Zasoubrine, Christian Bourgeois Éditeur,
ZAZOUBRINE est un écrivain russe né en 1895. Ce livre a été écrit en 1922 sous Lénine, interdit de publication , il est publié finalement en 1989.
C’est une fiction très réaliste. Dans une grande ville sibérienne, à la fin de la guerre civile, un responsable de la Tchéka, police du régime bolchevique, accomplit son
“travail ” de bourreau. C’est la terreur rouge. Pour servir la Révolution, il participe à l’atroce procédure quotidienne des interrogatoires, des procès sommaires, de l’extermination des bourgeois, intellectuels, toute personne supposée être déviationniste, une boucherie au nom de la Révolution.
14/ Le prisonnier du désert, Olivier Dubois, Ed Michel Lafon
Avril 2021, Olivier Dubois, correspondant au Mali pour le magazine Le Point et le quotidien Libération, est enlevé à Gao, dans le nord du Mali. Il passera 711 jours aux mains d’un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda.
Libéré en mars 2023, il brise aujourd’hui un an de silence et nous raconte comment, prisonnier dans l’une des régions les plus sensibles du monde, il a survécu à la seule force de son mental. En fuyant l’inactivité qui le ronge et consignant par écrit tout ce qu’il observe. Une façon pour lui de résister à l’effroi de savoir chaque jour sa vie menacée. Au-delà du récit d’une captivité, il nous livre le fruit d’une enquête de l’intérieur sur les cellules jihadistes, une incursion dans l’une de ces organisations qui déstabilisent le monde.
15/ Marlies : Admirer, Joëlle Zask , Ed Premier Parallèle
La philosophe Joëlle Zask se penche sur cette capacité à être ébloui par le talent d’autrui , source d’épanouissement et de créativité . En effet, selon l’autrice, l’admirateur cherche à comprendre ce qui le frappe, et donc à observer, puis à étudier. Le sentiment qu’il éprouve, loin de le paralyser, le met en mouvement. Et si ce qu’il admire le dépasse, son ego n’en est pas rabaissé, au contraire, puisqu’il devient agent de son propre désir de savoir.