Compte rendu du club littéraire du 3 mai 2024
MÉMO : 2 formules 1/ Le Club lecture a lieu tous les premiers vendredis de chaque mois de 18h30 à 20h : Chacun vient et présente un livre qu’il a lu. S’ensuit un échange La séance est animée de façon que chacun puisse avoir le temps de présenter son livre. 2/ Soirée « Un livre- Un auteur » qui a lieu tous les trois mois environ , de 18h30 à 20h : Un moment de partage et d’échange, pour aller à la rencontre d’un auteur et d’une de ses grandes œuvres lue préalablement par tous les participants. Un petit apéritif clôture chaque séance. Comment y participer ? : Le club est ouvert à toutes et à tous . Pour des raisons de place, Il suffit de s’inscrire préalablement en venant à la librairie, en envoyant un mail ou en téléphonant : lamemoirdumonde@yahoo.fr Tel : 04 90 85 96 76 Prochaines rencontres : Le club lecture : Le vendredi 7 juin 2024 à 18h30 Un Livre un Auteur : Le vendredi 20 septembre 2024 à 18h30. Nous avons choisi de mettre à l’honneur Giuliano da Empoli et son best-seller Le Mage du Kremlin (Folio), un récit qui nous plonge au cœur du pouvoir russe, d’une forte actualité. Prochainement cycle Jean Claude IZZ0 : Nous avons retenu aussi, pour une autre séance, dont la date sera fixée ultérieurement, Total Khéops de Jean-Claude IZZO ( dernier trimestre 2024) Ceci sera précédé, le 5 octobre 2024, 16 heures, en partenariat avec l’Association Partages culturels en Provence par une conférence consacrée à la vie et l’œuvre de JC IZZO. |
Animation : Miguel Couralet, Compte rendu : Miguel Couralet, Michèle Robinet.
Donc, ce 3 mai 2024, nous étions 16 présents, et parmi nous , pour plus de plaisir partagé, un auteur-réalisateur à la fois dramatique et humoristique, une écrivaine, une éditrice-comédienne- chanteuse.
Christian : Souvenirs du futur radieux, José Vieira- Éditions Chandeigne-
Christian qui nous présente souvent des auteurs italiens a choisi cette fois ci un auteur portugais.
José raconte son arrivée en France dans un bidonville à Massy dans les années 65, il a 7 ans. Ses parents se sont exilés pour fuir tout autant l’oppression de la « ditatura nacional », celle instaurée par Antonio Salazar que la misère et le risque de partir à la guerre pour tenter de sauver les dernières colonies portugaises. L’auteur se remémore les souvenirs de son enfance, une autre forme de misère, mais aussi une liberté retrouvée et l’entraide entre communautés… Il retrace avec sensibilité l’expérience de l’exil d’hier, celle que vivent d’autres émigrés aujourd’hui. Et après un voyage sur les traces de son enfance en Lusitanie avec sa fille, il s’interroge à propos des problèmes liés à la double culture, ici franco-portugaise, de ce qui reste de nos racines, gravées à tout jamais dans nos cœurs et nos esprits, de ce qui se perd au cours du temps comme parler correctement la langue natale et comment transmettre un patrimoine mémoriel.
Court mais intense plaidoyer contre les préjugés liés aux émigrés, message d’espoir et de tolérance, car « nous tous venons de quelque part et ensemble nous participons à un futur qui se veut radieux. »
Une écriture sensible, poétique douce-amère, un témoignage émouvant.
Olivier : Les Yeux de Mona, Thomas Schlesser – Albin Michel –
Mona est une petite fille de 10/11 ans, la cécité la gagne. Avant qu’elle ne perde définitivement la vue, son grand-père veut lui faire découvrir la beauté du monde à travers l’art. C’est ainsi qu’ils vont mettre à profit tout leur temps disponible pour arpenter, en un long cheminement solaire, initiatique et artistique, les musées parisiens : Le Louvre, Orsay, Beaubourg et découvrir les plus beaux tableaux, les plus belles sculptures… 52 chapitres, 52 semaines de vie partagée qui permettent de découvrir plus en détail 52 œuvres.
A travers cette histoire pathétique, l’auteur, historien de l’art qui a soutenu en 2006 un doctorat en histoire et civilisation, nous livre un roman qui est une « ode à la beauté. » qui permet une présentation technique des œuvres citées (Botticelli, Vermeer, Goya, Courbet, Claudel, Kahlo…)
La jaquette du livre qui se déplie est magnifique, une invitation à se plonger dans cette lecture facile et sympathique , un phénomène littéraire qui remporte un grand succès.
Isabelle : Penser contre soi-même, Nathan Devers – Albin Michel –
Après une enfance marquée par un judaïsme zélé, et avoir envisagé de consacrer sa vie à la religion en devenant rabbin, l’auteur s’en éloigne brutalement à la fin de l’adolescence pour entreprendre des études de philosophie. Il devient professeur.
Pourquoi la philosophie ? C’est la question qu’il pose à ses élèves, interrogation universelle, lui-même cherche à y répondre de manière personnelle.
C’est une lecture qui demande un investissement sérieux car elle n’est pas aisée, elle est intense, puissante, passionnante, violente mais permet, aussi, de s’interroger sur sa propre façon de penser, d’aller au-delà de l’identité déterminée par sa naissance, d’exister avec soi-même.
On peut lire, en complément les œuvres d’Alain Guyard, celui qui a la volonté de faire sortir la philosophie du carcan académique.
Marie-Pierre : Des nouvelles de la famille , Benoîte, Flora Groult, Paul Guimard, Blandine, Lison De Caunes, Bernard Ledwidge – Livre de Poche –
La présentation faite par Marie Pierre a été l’occasion, dans le groupe, de rappeler l’intérêt et la beauté de l’écriture sous forme de nouvelles. Nouvelle littéraire : bref récit fictif qui fait appel à la réalité et qui, la plupart du temps, ne comporte pas de situation finale. Généralement, elle se termine avec un dénouement inattendu qu’on appelle la chute.
Benoîte est la sœur de Flora, Paul est le mari de Benoîte, Flora est la femme de Bernard, Blandine et Lison sont les filles de Benoîte, une famille hors du commun.
Ces auteurs ont mis en commun leur passion de l’écriture pour raconter quelques aventures familiales. Longue ou courte, gaie, mélancolique ou humoristique, chacune de ces histoires singulières est édifiante, racontée avec sensibilité et profondeur.
Jules : Et pourtant ils existent, Thierry Froger – Actes Sud-
Jules nous confie avoir découvert récemment cet auteur, écrivain, poète et plasticien, une belle rencontre.
Le roman se construit de ville en ville (Paris, Ibiza…), d’époque en époque, mais sans chronologie, de chapitre en chapitre, courts, avec des personnages, un par chapitre, certains célèbres, d’autres inconnus, tous intéressants. Le livre raconte les destins croisés, les exploits de Florentin Borde, avec un fil conducteur , la Grande et la petite Histoire, la Guerre d’Espagne y tient une place centrale .
Jules parle de cette lecture avec émotion et invite chacun à s’y plonger car c’est un roman choral talentueux, une lecture addictive, quelque peu jubilatoire.
Daniel : Bourougnan Speaks Molière, Daniel Villanova- Éditions Un jour, une nuit-
Daniel, avec une verve très moliéresque nous présente sa pièce écrite avec un plaisir intense, il
l’ interprète actuellement au Théâtre des vents, 63, rue Guillaume Puy, Avignon. 5 actes en prose et en vers.
L’intrigue : Afin de célébrer les 400 ans de la naissance du grand Molière (1622-1673), le gouvernement français décide d’imposer à la population l’injection d’un mystérieux produit issu des laboratoires Pferzaï-Maderno, le « Speaking Molière »
Ce dopage va permettre à tous les français de s’exprimer en vers tout au long de l’année, « à la façon de Molière », en hommage au génial auteur. Cependant À Bourougnan, la résistance à cette obligation s’organise. C’est une caricature du monde actuel dans laquelle l’auteur dénonce les aberrations et les errements qui « enrichissent » notre quotidien. Daniel nous a offert « en live » une scénette, celle où l’équipe municipale de ce village résistant expérimente, pour une première fois l’usage du GPS qui lui aussi a été vacciné et édicte des instructions en vers ce qui fait perdre le nord !!. Un régal.
Marlies : Un jeudi saveur chocolat, Michiko Aoyama – J’ai lu
Marlies avait choisi de présenter un ouvrage sombre, compte tenu de l’ambiance climatique particulièrement morose pour un début mai , elle a préféré nous offrir un nouveau « feel good ».
De Tokyo à Sydney, le roman entremêle 12 nouvelles. 12 tranches de vie qui invitent le lecteur à trouver le bonheur dans les petites choses du quotidien et dans des instants de vie qui réchauffent délicatement le cœur comme le fait cette boisson chaude cacaotée.
À Tokyo, un petit café accueille toutes les semaines une mystérieuse habituée, surnommée Madame Cacao. Rituellement, elle commande un chocolat chaud avant de s’installer à la même table en bois proche de la baie-vitrée. Et chaque jeudi, elle sort un délicat papier à lettre et se lance dans la rédaction d’une longue missive en anglais . Une routine immuable qui ne manque pas d’éveiller la curiosité du serveur zélé.
C’est délicat, savoureux, réconfortant, gourmand.
Jacky : Le Silence, Dennis Lehane – Gallmeister
Un roman fort sur l’Amérique ségrégationniste des années 70, couronné par le grand prix de la littérature policière étrangère en 2023.
Été 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston, Mary Pat Fennessey, une femme charismatique blessée par la vie mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille, dix-sept ans, ne rentre pas à la maison, on perd sa trace. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sont-ils liés ?
Un contexte explosif : la récente politique de déségrégation préconisée par le juge fédéral Garrity provoque des tensions raciales, une grande manifestation se prépare. Dans sa recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes claquer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, si dévastatrice soit-elle.
Roman noir, un final extraordinaire. Jacky a été dithyrambique dans sa présentation !
Michèle : Les guerres secrètes du Mossad – Yvonnick Denoël- Nouveau monde.
Denoël est un historien, grand spécialiste des services du renseignement. Son livre publié en 2012, puis 2022 est une nouvelle fois réédité avec actualisation en 2024. L’ouvrage est très bien documenté sur les réalités de la géopolitique du Proche-Orient impactant, bien évidemment, le monde occidental. Le travail d’investigation de l’auteur est sérieux. Il raconte avec preuves factuelles de nombreuses interventions du Mossad comparé à un « couteau suisse » aux multiples fonctions intuitives et efficaces. Ce service passe pour être l’un des meilleurs services de renseignement au monde, grâce à son savoir-faire, en termes de renseignement humain, à celui de pouvoir recruter des informateurs de qualité dans le monde arabe, d’établir des liens occultes avec des structures dites « ennemies ». Ici, des affaires très sensibles sont mises en exergue qui dépassent la fiction. Des commentaires mettent en évidence des informations majeures permettant de comprendre la réaction pas toujours compréhensible de certains pays dont la France.
Le Mossad connaît des succès mais aussi des échecs parfois retentissants, lourds de conséquence sur le plan politique et souvent générateurs de conflits majeurs. Un livre fort intéressant, d’une actualité brûlante. On est pris dans le tournis de l’espionnite.
Anne-Marie : Titrit, L’Étoile du Sud, Mariana – Vox Scriba
Mariana, c’est le pseudo d’Anne-Marie Schieber, plasticienne-poète, elle nous présente son livre, une sorte de carnet de voyage sur son retour au Maroc dans les années 2000, pays, qu’elle a connu dans la décennie 70. Un périple spirituel, sensuel, et philosophique.
Mariana nous a fait lecture d’un de ses passages préférés, poétique et inspiré, qui évoque son retour à Essaouira (l’ancienne Mogador). Elle y rend hommage au peuple Berbère et à sa culture (désormais reconnue par la Constitution marocaine.)
José : Tosca, Murielle Szac-Éditions Emmanuelle Colas.
Le nouveau roman de Murielle Szac est la première lauréate à avoir reçu le Prix littéraire des Avignonnais en 2022. Ce huis clos s’inspire de faits historiques.
Lyon, 28 juin 1944. Sept Juifs et deux résistants raflés par la milice de Paul Touvier attendent la mort dans un réduit inconfortable. Pourtant les langues se délient, chacun confie aux murs de leur geôle tout ce qu’ils sont, tout ce qu’ils souhaitent, tout ce qu’ils auraient rêvé être. Parmi eux se trouve un prisonnier que le résistant P’tit Louis désigne comme un ange – celui qui, cette nuit-là, va chanter Tosca, l’opéra de Puccini, l’air de celui qui va mourir à l’aube. Les 7 juifs vont être fusillés, A côté de chaque cadavre a été posé un carton avec le nom, sauf pour un dont on ne connaît toujours pas l’identité.
A travers ce roman historique, qui parle de résistance, de liberté, qui ne laisse pas indifférent, l’autrice a voulu rendre hommage à cet inconnu.
Un livre qui résonne fort avec notre actualité.
Françoise : Gaston Couté , la chanson d’un gâs qui a mal tourné, Préface et notes de Michel Desproges. Editions Wallada
Françoise Mingot-Tauran est docteur en littérature comparée, comédienne, metteuse en scène, poète chanteuse et éditrice !
Gaston Couté (1880,-1911) est un poète libertaire, et chansonnier français, connu pour ses textes antimilitaristes, féministes et anarchistes
Elle nous le fait découvrir à travers ce livre édité à l’automne 2023. Une anthologie qui a demandé un travail important, coordonnée par Michel Desproges, mise en page par Gérard Gaillaguet, intégrant les corrections et ajouts de l’auteur en 1906, retrouvées et jamais publiées .
Françoise ne s’est pas contentée de nous en lire quelques extraits, elle nous les a chanté. !
Miguel : Faute de temps Miguel n’a pas pu nous présenter Narcisse et Goldmund le chef d’œuvre d’Hermann Hesse ( Prix Nobel de littérature en 1946). Ce sera pour la prochaine fois !